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Miel Montréal: L’apiculture urbaine passe par le verdissement

Par La Rédaction | 21 mars 2022 | Ville

Face au déclin des abeilles et autres pollinisateurs, le verdissement apparait comme une stratégie à privilégier en milieu urbain. Et une manière de contribuer aux Objectifs de développement durable de l’ONU.

Depuis une vingtaine d’années, on assiste à ce que l’on appelle le syndrome d’effondrement des colonies d’abeilles (en anglais, «Colony Collapse Disorder»), soit une mortalité anormale et récurrente des colonies d’abeilles domestiques. Or, selon la FAO, 78% de toutes les plantes à fleurs des zones tempérées sont pollinisées par des animaux tels que les abeilles, les mouches et les oiseaux (le reste de la pollinisation étant assuré par le vent): les fruits et légumes que nous mangeons dépendent donc essentiellement de cette pollinisation. «Cela nous concerne tous, c’est la base de la vie», dit Charleen Kotiuga, directrice générale de Miel Montréal, une coopérative qui s’est spécialisée dans l’apiculture responsable, l’éducation à la biodiversité et le verdissement.

«On dit des pollinisateurs que ce sont des espèces ‘clés de voûte’, précise Camille Lamontagne-Bluteau, coordinatrice au développement en verdissement et partenariats. Elles évoluent conjointement avec certaines plantes. Or, lorsqu’un pollinisateur disparait, la plante risque de disparaitre aussi, affectant à son tour des animaux qui s’en nourrissent etc. Les pollinisateurs sont indispensables aux écosystèmes et au maintien de la vie.»

Bien que la coopérative n’utilise pas directement les Objectifs de développement durable (ODD) de l’ONU dans la gestion et la planification de ses activités, elle répond assurément à plusieurs d’entre eux. En s’attaquant à la perte de biodiversité, elle s’inscrit dans l’Objectif 15 (Vie terrestre), en oeuvrant en milieu urbain elle répond à l’Objectif 11 (Villes et communautés durables) et ses activités ayant une répercussion directe sur nos systèmes alimentaires, elle répond également à l’Objectif 2 (Faim «zéro»).

Si plusieurs facteurs tels que l’usage des pesticides et les monocultures, qui offrent aux abeilles des zones de nourriture pendant une certaine période avant de se transformer en déserts alimentaires une fois les récoltes terminées, sont ciblés dans les régions rurales, en milieu urbain, où est active Miel Montréal, la problématique des pollinisateurs est différente: l’urbanisation y détruit et fragmente les espaces verts qui constituent leurs habitats.

L’apiculture urbaine constitue une bonne idée pour préserver les populations d’abeilles en ville, elle est toutefois à utiliser avec parcimonie, estime Miel Montréal. «En 2011, il y avait une dizaine de ruches à Montréal, aujourd’hui on en compte plus de deux-mille, indique Charleen Kotiuga. Or, les abeilles domestiques et indigènes se nourrissent de la même chose: le pollen et le nectar, dont les quantités, elles, n’ont pas augmenté. Cela provoque une forte compétition entre toutes ces abeilles qui cherchent à se nourrir. Dans cette optique, l’apiculture urbaine devient plus un problème qu’une solution.»

Pour pouvoir augmenter les populations d’abeilles en ville, il faut augmenter la quantité de nourriture dont elles ont besoin.

Miel Montréal a d’ailleurs produit une charte d’apiculture urbaine écoresponsable à travers laquelle on conseille notamment au nouvel apiculteur de s’assurer qu’il y a assez de pollen et de nectar aux alentours afin que sa ruche soit auto-suffisante et, dans le même sens, qu’il n’y a pas déjà d’autres ruches auxquelles il viendrait faire «compétition». «Il faut aussi se rappeler que l’apiculture est un élevage animal, et que c’est une véritable profession et non juste un hobby, dit Camille Lamontagne-Bluteau. Il y a des gens un peu partout au Québec qui vivent de l’apiculture, et l’apiculture urbaine, qui peut créer des noyaux de parasites ou de maladies, vient les fragiliser. L’apiculture nécessite une vraie formation et vient avec des responsabilités qui vont au-delà d’un passe-temps.»

«C’est pourquoi nous avons décidé de ne pas développer nos activités apicoles mais plutôt de nous concentrer dans nos services de création d’habitats», dit Charleen Kotiuga. Objectif: augmenter le garde-manger des abeilles. Le verdissement et la création de corridors verts, connectant les jardins et autres zones végétalisées entre eux, fait partie des activités en pleine croissance chez Miel Montréal. Plusieurs arrondissements – dont ceux de Rosemont-La-Petite-Patrie et d’Outremont – ainsi que des cégeps et universités ont fait appel aux services de Miel Montréal pour concevoir et installer des jardins pollinisateurs sur leurs territoires. Ainsi, de 1000 mètres carrés d’aménagements réalisés et gérés par Miel Montréal en 2020, ce sont aujourd’hui plus de 6000 mètres carrés que supervise la coopérative. Des verdissements qui ont souvent d’autres répercussions positives, comme diminuer les effets d’îlots de chaleur ou lutter contre les plantes allergènes. «Nous souhaitons aussi travailler avec des entreprises qui possèdent des terrains afin d’y créer des espaces mellifères qui soient bénéfiques aux pollinisateurs et agréables pour les employés», dit Charleen Kotiuga.


Visuels: ©Miel Montréal


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