Un laboratoire de l’économie collaborative voit le jour à Montréal
Par Marie Allimann | 21 mars 2017 |
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Alors que l’économie collaborative influence de plus en plus de secteurs, tant au Québec que dans le reste du monde, Montréal se dote d’un laboratoire dédié à cette nouvelle forme d’économie.
L’économie collaborative fait de plus en plus partie du paysage québécois : pensons à l’entreprise d’auto-partage Communauto, au système de location de vélos en libre-service Bixi ou encore à la Remise, une bibliothèque d’outils qui met à la disposition de ses membres plus des centaines d’outils. La création de ce premier laboratoire de l’économie collaborative est le fruit d’une collaboration entre le Conseil québécois de la coopération et de la mutualité (CQCM), qui représente l’ensemble des organisations coopératives sectorielles et régionales du Québec, et la Maison de la coopération du Montréal métropolitain (MC2M), une coopérative de solidarité qui accueillera ce laboratoire. L’idée est de rassembler des universitaires, des entrepreneurs et des parties prenantes issues de l’économie collaborative et de l’économie coopérative, parmi lesquels figurent notamment Léopold Beaulieu, président de Fondaction, Luc Rabouin, directeur développement stratégique et communications de la Caisse d’économie solidaire ou encore Alexandre Bigot, représentant montréalais du collectif international OuiShare. Objectif: doter l’ensemble de la province de solutions porteuses pour l’avenir et le développement du modèle coopératif.
« Nous avons deux objectifs principaux avec la création de ce laboratoire, explique Gaston Bédard, président-directeur général du CQCM. Le premier est de montrer comment le modèle coopératif peut être un levier pour l’économie collaborative. Le second est de démocratiser ce type d’économie auprès d’un plus large bassin de citoyens parce que cela reste trop souvent un milieu d’initiés. Nous avons également la volonté de redonner son sens premier à l’économie collaborative à savoir le partage des richesses avec le plus grand nombre. Quand je vois des quartiers comme Rosemont, à Montréal, qui souhaitent favoriser le développement de l’économie collaborative sur leur territoire, je ne peux que m’en féliciter. »
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Concrètement, la mise sur pied d’un tel laboratoire se veut un tremplin pour les coopératives et leur contribution au développement économique du Québec. « La création de ce laboratoire permettra aux réseaux coopératifs et mutualistes de se doter de meilleurs outils pour pouvoir faire évoluer le modèle coopératif afin d’être encore plus contributifs dans l’économie diversifiée actuelle. Il permettra aussi de dégager des projets innovants pour le bénéfice de la relève coopérative qui souhaite se lancer en affaires. » Le laboratoire effectuera des recherches appliquées afin d’élaborer un portrait actuel de l’économie collaborative et participative au Québec en le documentant avec des études de cas et des entrevues avec divers experts. Le laboratoire développera par la suite une stratégie d’intervention qui permettra de proposer de nouveaux modèles organisationnels et économiques susceptibles de rapprocher l’économie collaborative et l’économie coopérative. Par exemple, des entrepreneurs au fait des nouvelles tendances en développement par le numérique exploreront des stratégies de gestion, de consommation et de production en mode pair-à-pair, à l’instar des diverses plateformes de prêts et d’échanges de biens et services qui se développent depuis quelques années.
L’économie collaborative fait désormais partie du paysage québécois comme l’illustrent Communauto, Bixi ou encore la Remise.
« Ce laboratoire est important puisqu’il correspond à la réalité des ‘milléniaux’, qui sont nos leaders de demain et qui utilisent l’économie collaborative dans de nombreux aspects de leurs vies. Cela permet également de positionner le Québec comme une force en puissance dans ce secteur qui devrait connaître une forte croissance dans les prochaines années. » Le cabinet PriceWaterhouseCoopers avait d’ailleurs publié une étude, en 2014, sur le potentiel de croissance de ce secteur où se côtoient notamment le sociofinancement, la location saisonnière et le partage de véhicules. La firme y évalue à 446 milliards de dollars canadiens la taille mondiale de cette économie en 2025, contre 20 milliards$ au moment de l’étude.
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« Dans les prochaines années, l’économie collaborative va faire face à plusieurs défis dont un très important à mes yeux, celui de ne pas se dénaturer pour des raisons lucratives, pour enrichir une minorité au détriment de tout une collectivité. De plus, il ne faudra pas l’utiliser uniquement dans le cadre d’une économie de proximité, mais aussi pour des projets d’une plus grande ampleur », conclut Gaston Bédard.