Pour préparer le monde de l’après-Covid-19
Par La Rédaction | 2 avril 2020 |
Ça va bien aller
Après la crise viendra le moment d’inventer la suite. Voici quelques idées et réflexions sélectionnées pour vous.
Ces temps de ralentissements et de perturbations doivent être l’occasion de revoir nos modèles et priorités. Pour vous aider à aborder le plus sereinement possible l’après-crise, nous vous avons sélectionné, en formule revue de presse, quelques idées qui méritent qu’on s’y arrête.
J’ai l’intime conviction que bien des gens qui actuellement souffrent de la situation, sur le plan psychologique, et aussi financier et matériel – je pense aux salariés, aux artisans, aux dirigeants de petites entreprises, à tous ceux qui ne savent comment ils vont payer leurs loyers, leurs échéances, etc. –, je suis convaincu que quelque part, en nous tous, y compris ceux qui souffrent, qu’il y a une sorte de… satisfaction à voir tout enfin un peu s’arrêter.[…]
On nous rend médiocres, on nous rend tristes, et il y a quelque chose d’inacceptable à cela. Cette pandémie est l’occasion de se redresser la tête et de penser son rapport au monde de manière beaucoup plus libre, souveraine, structurée et constructive.[…]
L’économie devra rapidement revenir à la source de discours qui portent sur le vivant, les affects, les croyances, les modes d’organisation, sur les signes, les symboles qui font qu’on se comprend dans un moment de l’histoire. Qu’on s’organise, qu’on est concertés. L’économie ne pourra pas longtemps signifier qu’on «investisse» dans la «matière grise» pour détenir le diplôme qui, sur un marché du travail, va faire de nous une «ressource humaine» enviable du moment qu’on apprend à «se vendre», en «gérant ses émotions». Ça ne pourra pas signifier encore cette caricature qu’on en a faite.
Alain Deneault, philosophe
– A lire au complet dans La Presse
It is tempting to say that humans are a pox on the Earth. That where we recede, nature rebounds. When images of dolphins and swans supposedly appearing in newly clear Venice canals popped up on social media, it was easy to believe (though it was not entirely true) that the virus had forced people indoors and “nature” had recovered in our absence. This is the wrong climate lesson to take from the pandemic.[…] Humans are part of nature, not separate from it, and human activity that hurts the environment also hurts us.[…] Perhaps the real question is not whether the virus is “good” or “bad” for climate, or whether rich people will take fewer airplane flights, but whether we can create a functioning economy that supports people without threatening life on Earth, including our own.
Meehan Crist, chercheur en sciences biologiques à l’Université Colombia
– A lire au complet dans The New York Times
Des scientifiques ont mis en relation ces épidémies avec la destruction dramatique de la biodiversité. Le fait qu’on occupe de plus en plus le territoire des animaux sauvages, qu’on les braconne, que l’on soit davantage en contact avec eux, facilite la transmission des virus. De surcroit, la réduction drastique de la biodiversité empêche que des espèces « protectrices » constituent des barrières et que les virus soit « dilués » dans une multitude d’hôtes.[…]
Nous voyons que notre système économique est fragile : s’il n’y a plus de croissance, tout se casse la figure. Cela doit nous amener à réfléchir à un autre modèle. […]
De nombreux économistes travaillent de longue date sur la construction de sociétés « accroissantes » ou post-croissance. En Allemagne, on s’intéresse à nouveau à l’instauration d’un revenu universel. Cette idée paraît tout d’un coup attrayante car, lorsqu’on est obligé de confiner les gens à la maison, cela devient un filet de sécurité extraordinaire.
Cyril Dion, écrivain et cinéaste
– A lire au complet dans We Demain
The idea that companies, markets, the capitalist system could ever stop, change course, and focus on what matters seemed absurd just a few weeks ago. The question for business becomes: What’s possible for companies today that was impossible, and what’s impossible today that was once possible? […]
The social contract that applies to capitalism has been rewritten. Creating value for shareholders at the expense of everything else will seem radically out of touch. Creating value for the world now seems the only viable thing to do. This is going to force investors, leaders, and product, marketing, and operations teams to reconsider what they do and how they do it, and how they can be part of the epic reconstruction, or risk being irrelevant.
Sebastian Buck, cofondateur, Enso
– A lire au complet dans Fast Company
[Après la crise,] il va y avoir un conflit entre ceux qui voudront la continuité et ceux qui voudront changer de civilisation. Je pressens déjà que des économistes vont dire «on sait ce qu’il faut faire pour relancer l’activité», et sûrement vont-ils réactiver des processus qui ont mené à la catastrophe, c’est à dire la consommation excessive, le sprint culturel. Est ce qu’on va les laisser faire ? […]
J’ai travaillé avec des Japonais, des Chinois, des Coréens et tous disaient «L’école est devenue une forme de maltraitance, faire sprinter nos enfants a un prix psychologique exorbitant, cela conduit à des suicides, des psychopathies, des garçons s’enferment avec des jeux vidéo», alors que les pays du Nord – en suivant plutôt le rythme des enfants – obtiennent les mêmes résultats scolaires à 15 ans que les Japonais. […]
Dans ce débat passionnant, il faudra que les philosophes et les scientifiques, la démocratie, les journalistes, les romanciers, les fabricants de mots se mettent en chantier pour décider ensemble du futur souhaité.
Boris Cyrulnik, neuropsychiatre et spécialiste de la résilience
– A lire au complet dans We Demain
Vous voulez nous faire part d’articles ou autres lectures inspirantes pour bâtir l’après-crise?
Envoyez-les nous à cavabienaller@novae.ca.