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Compostable, biodégradable: de fausses bonnes idées

Par La Rédaction | 3 juin 2021 | Entreprise

Les emballages de plastique dits compostables ou biodégradables ne constituent pas toujours une bonne solution environnementale, révèle la récente étude de Éco Entreprises Québec (ÉEQ) qui met en lumière l’adoption souvent inappropriée de ce type de contenants.

«La prise de conscience populaire à l’égard du plastique et des emballages fait monter la pression sur les entreprises. Plusieurs se sont alors tournées vers les plastiques dits compostables et biodégradables, qui sont vus comme des choix nécessairement vertueux. Or, ce n’est pas toujours le cas», dit Geneviève Dionne, directrice, Écoconception et économie circulaire chez Éco Entreprises Québec.

En collaboration avec Solinov, cabinet-conseils spécialisé en gestion des matières résiduelles, ÉEQ a en effet suivi le parcours des emballages, afin d’évaluer ce que le consommateur en fait au moment où il doit poser un geste de tri, entre la poubelle, le bac de recyclage ou celui de collecte des matières organiques. Premier constat : la filière du compostage n’a pas les mêmes objectifs que celle de la collecte sélective et du recyclage. «La filière du compostage a pour objectif de produire un compost de qualité en récupérant le maximum de matières organiques et de résidus verts – ce qui exclut les emballages compostables et biodégradables qui ne sont pas, par définition, des matières organiques.»

Second constat : contrairement à la collecte sélective, la filière du compostage ne dispose pas de centres de tri des matières. Celles-ci sont «tamisées» afin de retirer les contaminants, c’est-à-dire tout ce qui n’est pas organique, ou les éléments d’une certaine taille. «À ce stade, on ne vérifie pas si un plastique est affublé d’un logo «compostable» ou autre, il est tout simplement écarté.» À l’heure actuelle, la majeure partie des emballages dits compostables terminent ainsi leur vie dans un site d’enfouissement.

L’étude nous rappelle en outre que la compostabilité d’un matériau s’inscrit toujours dans une pensée linéaire – et non circulaire. L’emballage compostable doit donc être réservé à certaines utilisations, réellement pertinentes sur le plan environnemental. «La communauté scientifique mondiale soutient de plus en plus l’idée qu’un emballage compostable devrait uniquement servir pour un aliment qui lui-même sera déposé dans le bac de matières organiques pour être transformés en compost, tel un sachet de thé. Faire un emballage compostable pour un paquet de papier hygiénique ne fait pas de sens et risque de rendre plus d’un citoyen confus. Remplacer un emballage non recyclable par un emballage compostable ou biodégradable n’est pas une solution.»

Comment se sortir de cette fausse bonne idée? En misant sur une réelle approche d’économie circulaire, autrement dit, en réduisant toute création de déchet. «L’économie circulaire c’est une approche qui vise à maximiser l’utilisation et la transformation des flux de matériaux; or un emballage sans contenu, c’est un matériau. Ce qu’on doit donc viser, c’est lui donner une nouvelle vie. Et pour y parvenir, il faut travailler collectivement à établir de nouveaux standards, des consensus et parvenir à garder notre emballage le plus simple possible.» Ce qui, outre les éléments techniques, nécessite une prise en compte de deux autres facteurs : le marketing et l’acceptabilité sociale. «Si nous étions prêts à acheter des champignons dans des barquettes grises, il ne serait pas nécessaire de cacher la couleur de la résine recyclée mécaniquement avec du noir de carbone ce qui les rendraient également plus faciles à identifier par les équipements en centre de tri.»

Aux entreprises qui ne savent pas comment aborder leur emballage pour lui insuffler cette pensée de l’écoconception, Geneviève Dionne prodigue ce conseil: «Vous avez sans doute le bon matériau, mais vous ne l’avez certainement pas encore optimisé : cherchez à réduire la masse et le volume, à éliminer un composant, à réduire l’encre, à intégrer du contenu recyclé, ou à repenser complètement votre approche de mise en marché d’un produit emballé.»

Pour consulter le rapport complet de ÉEQ sur les emballages de plastique biodégradables et compostables au Québec, cliquer ici.

La rédaction de cet article a été financée par Keurig Dr Pepper Canada


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