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Et si chacun de nous pouvait documenter et relayer ce que fait sa municipalité en terme d'effort climatique? C'est en substance ce que propose l'opération #Mesurercequicompte qui, durant août et...
En préambule du Forum Novae, qui se tiendra cet automne à Montréal, nous vous proposons d’aller à la rencontre d’experts dans les domaines de l’alimentation, de l’énergie, de la finance et de l’architecture afin d’en décoder certaines tendances. Pour le second article de cette série, nous nous penchons sur les tendances en alimentation avec le «nutritionniste urbain» Bernard Lavallée, nutritionniste au sein d’Extenso, le Centre de référence en nutrition de l’Université de Montréal, et auteur du livre Sauver la planète une bouchée à la fois.
Le «zéro déchet» alimentaire influencera les entreprises mais aussi les municipalités
« Le zéro déchet a explosé en 2017: c’est LA tendance la plus en vogue dans l’industrie alimentaire. C’est fascinant de voir des commerces de ce type ouvrir un peu partout, de Longueuil à Joliette, ce qui aurait été impensable il y a encore quelques années. » En effet, depuis le début de 2016, le Québec a vu l’ouverture de près d’une dizaine d’épiceries zéro déchet, tant à Montréal qu’en région, et l’achat en vrac gagne constamment en popularité. « Cet engouement pour le zéro déchet me fait penser à celui pour le flexitarisme [ndlr: terme qui désigne des végétariens qui mangent de la viande occasionnellement] il y a quelques années. Aujourd’hui, il est entré dans les moeurs de consommer peu de viande ; je pense que le zéro déchet va suivre le même chemin. » Plusieurs municipalités au pays ont également fait part de leur soutien pour le zéro déchet : par exemple, Ottawa et Gatineau se sont engagées à ce que les compagnies impliquées dans le mouvement zéro déchet n’aient pas d’obstacles particuliers dans le développement de leurs activités. Et la Ville de Vancouver va encore plus loin, affichant sa volonté de diminuer ses déchets de 50% d’ici à 2020.
« La lutte contre le gaspillage alimentaire est devenu une préoccupation primordiale où plusieurs visions se confrontent. Je suis davantage intéressé par la vente de fruits et légumes ‘moches’ à un bas prix, comme peut le faire Second Life, que par la production de jus de fruit pressés à froid qui coûtent cher et sont plus faibles en nutriments. Ici c’est le nutritionniste qui parle : il y a deux écoles et je suis de celle qui consomme le moins d’aliments transformés. Le fait est que cela reste tout de même très inspirant de voir autant d’initiatives d’entreprises qui souhaitent limiter ce gaspillage. » En effet, le mouvement anti-gaspillage alimentaire touche autant des startup comme Loop (qui produit des jus de fruits avec des rebus de l’industrie alimentaire), Eatizz et Ubifood (deux applications mobiles qui permettent aux commerces d’informer instantanément les utilisateurs de la disponibilité de produits alimentaires à rabais) que des grandes entreprise comme Loblaw, Metro et Sobeys qui se sont engagé, au printemps, à un tout premier programme commun destiné à redistribuer leur nourriture invendue aux plus démunis.
Si l’agriculture urbaine n’est pas une pratique nouvelle, elle est en train de devenir très tendance, prenant beaucoup d’expansion, tant chez les particuliers qu’au sein des entreprises. Il s’agit véritablement d’une activité commerciale comme le démontre Alvéole qui oeuvre en apiculture urbain et fait la promotion du miel local, Blanc de Gris qui se spécialise dans la production et la vente de champignons cultivés sur du marc de café ou ÉAU, la première ferme verticale en aquaponie du Québec. « Les consommateurs avait perdu le contact avec les producteurs locaux et cette nouvelle vague d’agriculture urbaine est en train de recréer ce lien. Ces initiatives sont avides de transparence pour regagner la confiance du consommateur, c’est une des raisons qui expliquent l’explosion de l’agriculture urbaine. On assiste à une véritable volonté de se reconnecter avec la production alimentaire. » Une tendance qui, pour le nutritionniste, gagnera encore davantage en importance au cours des prochaines années, les citadins étant toujours plus nombreux : selon les Nations Unies, près de 80% de la population mondiale habitera en ville d’ici à 2050.
« Est-ce qu’on est obligé de manger des insectes pour réduire notre dépendance aux protéines animales? Non, pas forcément. Les protéines végétales ont déjà prouvé qu’elles étaient efficaces pour une alimentation saine. Même si aujourd’hui, nous n’en sommes pas encore à l’heure de l’acceptabilité, la consommation d’insectes constitue assurément une tendance à suivre. En Occident, cela se résume plus ou moins à manger des produits à base d’insectes très transformés, comme dans des barres protéinées. Si cela ne fait pas encore partie de nos cultures alimentaires occidentales, cette alimentation fait partie, depuis longtemps, de bien d’autres cultures. » En effet, plus de 2 000 espèces d’insectes comestibles ont déjà été recensées (incluant les chenilles et les fourmis) et aujourd’hui, l’entomophagie (la consommation d’insectes) touche plus de 2 milliards d’adeptes, principalement en Asie et en Amérique de Sud, soit un tiers de la population mondiale. « D’un point de vu de l’impact environnemental, cette forme d’alimentation est vraiment intéressante. » Par exemple, de la farine de criquet contient 65% de protéine contre 23% pour le poulet et 12% pour les œufs. Et l’élevage de criquets produit 100 fois moins de GES que celui de vaches.
Manger local deviendra la norme
« Manger local est devenu le principal facteur d’achat pour le consommateur, cette caractéristique ayant dépassé le biologique. » Selon le nutritionniste urbain, il s’agit d’une tendance de fond: les consommateurs souhaitent de plus en plus s’approvisionner en produits alimentaires provenant d’un rayon de quelques kilomètres. « Le local a de très belles heures devant lui: acheter nos aliments à proximité est en train de devenir la norme. » L’année dernière, dans le cadre d’un rapport sur les tendances alimentaires, la firme de marketing Havas Worldwide confirmait cette tendance : plus de 60% des personnes interrogées disaient être prêtes à payer plus cher pour des aliments produits proche de chez eux. Et l’édition 2016 du Baromètre de la consommation responsable, produit par l’Observatoire de la consommation responsable à l’UQAM, affirmait quant à elle qu’un peu plus d’un Québécois sur deux consacre au moins 30 % de son budget alimentaire aux produits locaux.
Selon Bernard Lavallée, ces tendances vont dans une même direction, celle de bien manger. «Entre nutritionnistes, nous n’arrivons pas à nous entendre sur une définition unique de ce qu’est le « bien manger ». Mais pour moi une chose est sûre : on ne peut pas parler de « bien manger » sans parler d’environnement, de santé, d’éthique animale et… de plaisir! »
** Photo de Une : L’épicerie zéro déchet Loco, à Montréal.
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