L’OEUF, ou l’architecture à impact massif
Par Marie Allimann | 18 janvier 2022 |
Entreprise
A travers une approche inclusive et participative, ce cabinet d’architecture invente depuis 30 ans des façons de transformer positivement la société.
«Nous voulons changer le monde!» C’est ainsi que Sudhir Suri, architecte senior et associé principal à L’OEUF Architecture résume la vision de cette firme d’architecture et de design fondée à Montréal il y a près de 30 ans. Car l’idée n’est pas seulement d’élaborer des projets durables et notamment sobres en carbone; c’est aussi de connecter les différents aspects d’une construction aux besoins de la communauté pour ultimement créer un «impact régénérateur massif». Il s’agit en particulier d’apporter des solutions de transition écologique porteuses d’équité sociale: des aménagements favorables au transport actif et collectif, des espaces publics propices aux rencontres des membres d’une communauté ou encore des systèmes énergétiques partagés dont les coûts de l’énergie restent abordables pour les occupants de logements sociaux, par exemple.
«Nous devons faire au préalable des recherches à tous les niveaux pour savoir comment nos clients et les communautés peuvent transformer leurs façons de faire et de vivre pour avoir un tel impact», explique Sudhir Suri. C’est pourquoi L’OEUF conçoit ses projets en faisant appel à un large spectre de parties prenantes: sur la base d’une écoute créative, on encourage ainsi en amont la collaboration avec la communauté, les usagers, des experts de diverses disciplines, des OBNL et des institutions. «Plus il y a de partenariats, plus le projet est capable de transformer son environnement local et d’avoir un énorme impact sur le bilan carbone, le bilan social, etc. »
L’OEUF a ainsi remporté le concours international C40 Reinventing Cities en 2019, avec leurs co-équipiers ACDF et Gensler, pour développer un projet carbone positif à usage mixte dans le quartier Griffintown à Montréal (photo de une). Au-delà des aspects techniques de la construction, ce projet imaginé avec une trentaine de partenaires – dont la Fondation David Suzuki et le CIRAIG (Centre international de référence sur le cycle de vie des produits, procédés et services) – s’est distingué notamment par la proposition d’un espace public dédié à l’éducation sur l’économie circulaire. Il comprendra en particulier des commerces et restaurants leaders dans cette démarche pour sensibiliser les usagers et partager leur savoir-faire.
La créativité des projets et leurs partenariats, c’est précisément la voie que doivent privilégier les entreprises de services désireuses d’entamer une transition sobre en carbone. Bien au-delà de l’achat de tasses réutilisables ou de papier recyclé, Sudhir Suri croit que de telles entreprises doivent comprendre comment leur modèle d’affaires peut transformer la société. « Ça demande de la recherche, mais les entreprises de service ont beaucoup plus de pouvoir qu’elles ne pensent pour créer de l’impact positif.»
S’il est encore difficile en architecture de convaincre des clients potentiels de développer leur projet au-delà d’un minimum de critères écoresponsables, Sudhir Suri constate que de plus en plus d’appels d’offres sont en phase avec la démarche de L’OEUF et exigent des soumissionnaires une architecture durable capable d’améliorer la cohésion sociale de la ville dans son ensemble, pas seulement des utilisateurs particuliers du projet. À cet avantage stratégique s’ajoute celui de la rétention des employés. «Les gens veulent travailler pour quelque chose qui a du sens, la pandémie a d’ailleurs renforcé ce sentiment. La possibilité de créer un impact massif, c’est ce qui nous motive à nous lever le matin!»
Sudhir Suri prendra part au panel Rendez-vous avec des PME inspirantes du Québec lors de l’événement PME sobre en carbone: Un pas de plus vers la transition, qui se tiendra le 9 février 2022. Détails et inscriptions.
La publication de cet article a été financée par PME sobre en carbone.