La mort annoncée de l'obsolescence programmée?
Par Mickaël Carlier | 11 janvier 2018 |
Chronique
Les récentes attaques contre Apple sont-elles le signe d’une mort prochaine de l’obsolescence programmée?
C’est la question que soulève Mickaël Carlier, président de Novae, dans sa chronique Innovation sociale, sur les ondes de Radio-Canada. Rappelons qu’après avoir reconnu publiquement en décembre ralentir le fonctionnement de ses anciens iPhone et limiter la durée de vie de ses piles, Apple fait aujourd’hui face à plusieurs recours collectifs, au Québec, aux États-Unis et en France. «Si Apple n’en est pas à ses premières accusations du genre, le contexte est aujourd’hui différent, notamment par l’ampleur internationale du mouvement, incluant l’enquête préliminaire pour « tromperie et obsolescence programmée » qui est menée contre l’entreprise en France, dotée depuis 2015 d’une loi interdisant officiellement l’obsolescence programmée.»
Tout au long du XXè siècle, bon nombre d’entreprises se sont développées en utilisant ce principe d’obsolescence programmée qui consiste à réduire volontairement la durée de vie ou d’utilisation d’un produit (que ce soit par une nouvelle technologie, version, esthétique…) pour en augmenter son taux de remplacement. «Si c’est bon pour l’entreprise, qui multiplie ses ventes, c’est moins bon pour le portefeuille du consommateur et pour la planète puisqu’on épuise les ressources. Or, nous sommes au XXIè siècle et cette approche est dépassée.»
Lire aussi : Et si on louait nos produits au lieu de les acheter?
Patagonia aide ses clients valoriser leurs vieux vêtements.
En effet, de plus en plus de consommateurs s’élèvent contre ces pratiques, et des réglementations, comme celle adoptée par la France, limitent dorénavant ces façons de faire. Parallèlement de nouvelles innovations d’affaires s’imposent. «Les entreprises qui innovent réellement adoptent notamment ce qu’on appelle l’économie de fonctionnalité : elles ne nous vendent plus un produit, mais un service. Citons les exemples de Xerox qui loue depuis longtemps ses imprimantes aux entreprises, Michelin qui loue ses pneus aux transporteurs routiers ou Daimler qui « loue » ses véhicules Smart à travers son entreprise Car2Go. Ces entreprises développent un lien de fidélité avec leurs clients et, puisqu’elles demeurent propriétaires de leur produit, elles ont donc intérêt à ce que celui-ci dure longtemps!»
Lire aussi : SEB, une marque qui vend (et répare) tous ses produits
En outre, les entreprises innovantes sont celles qui misent sur la valeur de leur marque, et sur l’intelligence du consommateur. «Quand une entreprise programme la fin utile de son produit, elle sollicite notre portefeuille, pas notre intelligence! D’autres prennent le chemin inverse, incitant leurs clients à consommer plus “intelligemment” et à faire durer les produits qu’on leur achète. C’est le cas par exemple de Patagonia qui nous incite à boycotter des opérations telles que le Black Friday ou à réparer nos vieux vêtements ; ou de SEB qui garantit dorénavant ses produits pendant 10 ans et met en place des réseaux de réparation pour que les consommateurs puissent garder leur grille-pain longtemps ! »
Pour écouter la chronique au complet, cliquer ici.
En 2016, le groupe SEB s’est engagé à garantir ses produits 10 ans.