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« Faire entrer la voiture dans le XXIème siècle »

Par Mickaël Carlier | 23 août 2017 | Tendances

Du véhicule électrique à la voiture autonome, regard sur la façon dont le transport des gens et des marchandises est en train d’évoluer au Québec et au Canada.

En préambule du Forum Novae, qui se tiendra en octobre à Montréal, nous allons à la rencontre d’experts dans les domaines de l’alimentation, de l’énergie, de la finance et de l’architecture afin d’en décoder certaines tendances. Nous nous penchons aujourd’hui sur le futur des véhicules avec Stéphane Pascalon, coordonnateur de projets à l’Institut du Véhicule Innovant (IVI).

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Stéphane Pascalon

En quoi consistent les activités de l’IVI exactement?

L’IVI est un organisme ayant pour mission de soutenir les entreprises, principalement les PME, dans la recherche appliquée, le développement, l’évaluation et l’implantation de technologies novatrices dans le domaine des transports.
L’IVI siège également sur les comités directeurs de plusieurs organismes québécois visant à créer des retombées économiques autour de l’électrification des transports tels que le Technopôle IVÉO qui se positionne comme un écosystème créant les conditions favorables à l’essor des transports durables de demain.

Quel est l’état du marché du véhicule électrique au Québec et au Canada?

Il s’agit d’un marché encore assez marginal. D’après l’Association des véhicules électriques (AVÉQ), plus de 2 millions de voitures électriques sont en circulation dans le monde, dont un peu plus de 17 000 au Québec pour un total de plus 32 400 au pays. Ces véhicules représentent seulement 1% du marché du transport, selon Transports Canada. On estime que 10 à 15% de la population est sensibilisé à ce genre de moyen de transport; cela ne constitue pas encore une masse critique! Il reste encore beaucoup de travail à faire, tant en ce qui concerne le transport de personnes que celui de marchandises où il y a encore très peu d’offre. Il faut donc à la fois éduquer les particuliers et les chefs d’entreprises pour les inciter à adopter des véhicules innovants.

Aujourd’hui, c’est très facile de voyager en véhicule électrique. Même s’il faut un peu de planification avant certains longs trajets, il y a des bornes de recharge partout au Québec et les véhicule ont une autonomie moyenne de 250 à 300km. Moi-même, cela fait quatre ans que je roule en Tesla S. Durant cette période, j’ai parcouru près de 200 000 km et j’ai économisé entre 4000 à 5000$ par an d’essence.

Lire aussi : « Faire de Montréal la capitale nord-américaine de l’électrification des transports »

Comment les consommateurs québécois abordent-ils ces véhicules ?

Plus d’un Québécois sur quatre serait prêt à opter pour un véhicule électrique lors son prochain achat d’automobile. Chevrolet (Volt), Tesla et Nissan (Leaf) sont les marques qui vendent le plus de véhicules électriques au pays.

Néanmoins, il y a encore trop d’obstacles à l’achat d’un véhicule électrique dont le manque d’information et le prix qui reste relativement dissuasif. Mais il faut relativiser ce dernier point car même si le prix d’achat d’un véhicule électrique neuf est supérieur à celui d’un véhicule à essence, la durée de vie du véhicule électrique est plus longue et revient au bout du compte 20% moins cher. Et autre élément qu’on ignore souvent: le marché des véhicules électriques d’occasion est florissant!

Lire aussi : FLO, Le nouveau réseau pour recharger son véhicule électrique depuis sa maison

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La Tesla Model S affiche environ 600 kilomètres d’autonomie


Quels sont les défis pour les entreprises et manufacturiers de ce domaine?

Ils doivent démontrer la faisabilité de leurs concepts ou produits, pour venir déranger le marché et briser le statu quo. Ils ont le potentiel d’être de véritables influenceurs: si les petites entreprises développent des solutions innovantes qui fonctionnent, les grandes entreprises suivront. L’exemple le plus frappant est évidemment celui de Tesla: la marque fondée par Elon Musk a bouleversé le marché de l’automobile à tel point que la majorité des constructeurs ont dû développer des modèles électriques – ou sont en train de le faire. Grâce à Tesla, toutes les marques auront au moins un modèle de véhicule électrique dans les années à venir.

Au Québec, Ecotuned pourrait bien suivre un chemin similaire, mais dans le domaine du transport de marchandises. En effet, cette startup a développé la première trousse de conversion universelle et réutilisable conçue pour transformer des camions légers en véhicules électriques.  Dans le cadre de la Formule E, qui a eu lieu  cet été, la toute première camionnette électrique, transformée par Ecotuned a été ajoutée au parc de véhicules de la Ville de Montréal. Cette startup est à suivre : ses succès peuvent profiter à toute l’industrie du transport innovant au pays.

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Ecotuned a développé la première trousse de conversion universelle conçue pour transformer des camions légers en véhicules électriques

Quel rôle le gouvernement doit jouer sur ce marché?

Son rôle est de définir une vision et de mettre en place un cadre et donc des législations favorables aux véhicules innovants. C’est par exemple à cela que sert le Plan d’électrification des transports 2015/2020. D’ici 2020, le gouvernement du Québec compte franchir le cap des 100 000 voitures électriques dans son parc routier. Il offre aussi des crédits pouvant aller jusqu’à 8 000 $ pour encourager les consommateurs à prendre un virage vert. On pourrait aller encore plus loin et imiter ce qu’il se fait en Europe: le gouvernement français a annoncé en juillet la fin de la vente des véhicules diesel et essence à l’horizon 2040.

Quelles sont les prochaines tendances sur le marché du véhicule innovant?

L’autopartage est sur toute les lèvres et j’ai le sentiment qu’au cours des 15-20 prochaines années, nous allons observer un changement radical de la façon d’aborder le transport. Les citoyens auront de moins en moins l’envie et le besoin de posséder leur propre voiture.

Les voitures autonomes vont également faire leur apparition: le conducteur ne sera plus l’élément clé du véhicule. On ne sera plus propriétaire de notre voiture, on sera davantage dans un système de navette qu’on utilisera pour se déplacer d’un point A à un point B.  Nous avons été élevés avec l’idée que la voiture était nécessaire, mais la densité urbaine pousse à repenser le transport: il s’agit maintenant de faire entrer la voiture dans la réalité du XXIème siècle.

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Les véhicules autonomes vont révolutionner notre façon de penser le transport


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