L’intelligence collective contre le gaspillage alimentaire
Par Marie Allimann | 4 avril 2017 |
Consommation
À l’heure de l’intelligence collective et de la co-création, lumière sur des communautés qui se mobilisent au Québec pour lutter contre le gaspillage alimentaire.
Le 20 avril prochain aura lieu la première édition du Bonappday, « une journée mensuelle où tous les membres des communautés ayant adopté un frigo Bonapp seront invités à apporter leurs produits à un même moment. Ce sera aussi l’occasion d’échanger des idées de recettes pour revaloriser les produits, et de partager l’expérience sur les médias sociaux », explique l’initiatrice de l’événement, Geneviève Rousseau, fondatrice de Bonapp, un système de frigos publics pour échanger des denrées alimentaires. Le concept du Bonappday est le fruit d’un atelier collectif qui a eu lieu lors de la soirée Avant le bac, le 30 mars dernier à l’Esplanade. L’événement organisé par Récolte, Parler la bouche pleine et l’Esplanade était la première édition d’une nouvelle série de 6@9 participatifs consacrée aux enjeux de notre système alimentaire. Sur la thématique du gaspillage alimentaire, il a rassemblé des citoyens de divers horizons autour de deux entreprises sociales, Bonapp et Eatizz. Objectif: élaborer collectivement des projets-pilotes permettant de répondre au défi que doivent relever ces deux startups, à savoir comment faciliter l’utilisation des frigos de la première et de l’application de la seconde auprès des consommateurs.
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Bonapp a quatre frigos en libre-service à Montréal permettant aux membres des communautés d’accueil de déposer et de prendre des denrées alimentaires. Ici, le frigo installé à l’épicerie zéro déchet LOCO.
Rappelons qu’entre 30% et 50% de la production alimentaire mondiale est gaspillée annuellement, selon l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture. Au Canada, ce gaspillage se chiffre à 31 milliards $ — 47 % des aliments y sont gaspillés au domicile, 20 % à l’étape de la transformation, et 10 % lors de la distribution. Or, les innovateurs de niche comme Bonapp et Eatizz sont un moteur de changement pouvant se diffuser auprès des autres acteurs du système alimentaire.
L’application mobile gratuite de Eatizz permet aux commerçants d’afficher des produits en date limite de vente, distribués à rabais. « L’application compte aujourd’hui une centaine de partenaires et 12 000 utilisateurs », rapporte son fondateur William Steven. Quant à Bonapp, ses quatre frigos libre-service permettent aux membres des communautés d’accueil de déposer et de prendre des fruits et légumes entiers ou des produits scellés encore bons.
Une autre entrepreneure présente à l’événement Avant le bac, Marie-Soleil L’Allier, y a exposé les stratégies de son épicerie zéro-déchet LOCO pour accompagner partenaires et consommateurs à modifier leurs habitudes. L’épicerie cible à la fois ses PME partenaires, sa cinquantaine de petits fournisseurs et ses clients. Par exemple, elle collabore avec le traiteur Madame Virgule afin de revaloriser ses invendus, et ambitionne de créer une association de commerçants « zéro déchet ». Elle sensibilise également les consommateurs au gaspillage alimentaire en leur permettant d’acheter uniquement la quantité désirée, même « deux bâtons de cannelle et trois cuillerées d’épice ». L’épicerie fait également le choix de respecter les capacités de ses fournisseurs, quitte à se retrouver parfois en rupture de stock, une occasion d’expliquer sa philosophie à ses clients.
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Atelier collectif tenu le 30 mars afin d’aider la croissance de deux startups dédiées à la lutte au gaspillage alimentaire.
LOCO, Eatizz et Bonapp ont le potentiel de créer un réel changement auprès des entreprises du secteur et des consommateurs. L’intelligence collective permet de soutenir ces acteurs du changement, et de transformer le potentiel en impact réel dans la lutte contre le gaspillage alimentaire.
Cet article a été coécrit avec Marina Jolly, cofondatrice de Récolte.