Architecture: construire moins, utiliser mieux
Avec des centaines de bâtiments sous-utilisés, voire totalement vides pour la seule ville de Montréal, l'heure n'est-elle pas venue de revoir la façon dont on utilise les édifices existants au...
L’an dernier, Stratzer quittait ses bureaux montréalais de la rue Papineau pour installer ses espaces de travail et son entrepôt dans un grand bâtiment industriel de la rue Fullum. Pour effectuer les importants travaux d’aménagement nécessaires à l’installation de son équipe, l’entreprise spécialisée dans la gestion des matières résiduelles a voulu appliquer de hauts standards environnementaux. «Dès le début de ce projet, nous tenions à être cohérents avec ce que nous prônons auprès de nos clients, et donc à vivre l’expérience du réemploi et de la gestion des résidus de construction», indique Francis Fortin, président de Stratzer, qui interviendra lors de la Conférence Novae – Architecture, le 26 octobre prochain.
La firme de design mandatée sur le projet, Finkel, a donc eu dans son cahier des charges de combiner design et réemploi des matériaux qui proviendraient de la démolition des anciennes infrastructures. «La plus grande difficulté résidait dans le fait d’aller à l’encontre des habitudes des divers intervenants, explique le designer Daniel Finkelstein. On a tendance à opter pour la façon la plus simple ou la plus connue, or il fallait sans cesse revoir ces façons de faire, tant aux étapes de démolition que de la réutilisation. En design d’espaces commerciaux, j’ai l’habitude de faire du sur-mesure; dans ce cas-ci, le sur-mesure incluait les notions de récupération.»
Ce qui a conduit le designer à adapter, voire inverser, son approche. «Habituellement, on établit un concept général pour lequel on va effectuer des recherches en vue de trouver les matériaux ou éléments qui y répondront. Ici, la démarche s’est faite dans l’autre sens: les matériaux, issus de la démolition, étant prédéterminés, nous devions établir un design à partir de ces éléments.»
Le concept a évolué et a été ajusté au fil du chantier, à mesure que la démolition progressait et que l’on confirmait les éléments qui allaient bel et bien pouvoir être réutilisés, et dans quelles quantités. Par exemple, près de 400 blocs de béton, soit plus de la moitié de ce qui a été démoli, ont été nettoyés sur place et ont pu être réutilisés. «Outre le bénéfice environnemental, cette démarche était aussi très avantageuse sur le plan financier puisque chaque bloc nous revenait à 40% du prix du marché, même en incluant le cout de la main-d’oeuvre nécessaire à la manipulation et au nettoyage», précise Francis Fortin.
«S’agissant d’un bâtiment industriel, destiné à une entreprise industrielle, le design, fait notamment de béton et d’acier, correspondait bien au mandat, souligne Daniel Finkelstein. C’est ce qui nous a permis de récupérer autant d’éléments de l’ancien bâtiment. Par exemple, les blocs de béton n’ont pas uniquement servis à refaire des murs, nous en avons aussi fait des bureaux. Et certaines structures en acier ont été utilisées pour créer des luminaires.»
Tout au long, une stratégie d’identification et de sélection des meilleurs matériaux a été suivie, allant de la revalorisation des éléments issus de la démolition aux produits provenants de fournisseurs locaux, contenant de la matière recyclée ou à forte valeur écologique. Le projet a en outre été l’occasion d’intégrer des matériaux éco-innovants, tels que des panneaux isolants en chanvre, ou d’autres en mycélium (champignon). «Certains de ces produits en étaient aux phases de prototypage, encore assez loin de la pré-commercialisation. Nous avons littéralement été leur premier client», dit Francis Fortin.
Francis Fortin, de Stratzer, et Daniel Finkelstein, de Finkel, seront nos invités lors de la Conférence Novae – Architecture, le 26 octobre. Détails et inscriptions.
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