Architecture: construire moins, utiliser mieux
Avec des centaines de bâtiments sous-utilisés, voire totalement vides pour la seule ville de Montréal, l'heure n'est-elle pas venue de revoir la façon dont on utilise les édifices existants au...
La reprise d’entreprises privées constituerait-elle une opportunité à saisir pour les entreprises d’économie sociale? «Avec un potentiel de 15000 entreprises à vendre d’ici à 2022 selon le Centre de transfert d’entreprise du Québec, il y en a certainement parmi elles qui peuvent être converties en entreprises d’économie sociale», affirme Janek Thibault, directeur principal de la Caisse d’économie solidaire Desjardins.
Pour une coopérative ou un OBNL, le rachat d’une entreprise peut en effet être une option intéressante pour stabiliser ou combler sa main-d’œuvre, ou encore pour répondre à un besoin donné et ainsi consolider ou compléter sa mission d’impact social. C’est aussi la possibilité pour des employés de reprendre collectivement, sous forme de coopérative, l’entreprise qui les emploie afin d’en assurer la pérennité – et maintenir la vitalité d’une région ou d’un quartier.
Pour l’heure, les reprises d’entreprise privées par des entreprises collectives se font principalement dans des cas de faillite pour conserver des emplois ou des services dans des quartiers ou des régions. C’est le cas du groupe Capital Média qu’ont repris ses employés en créant la Coopérative nationale de l’information indépendante, un groupe de presse coopératif, pour assurer la survie de plusieurs quotidiens régionaux. La coopérative Bizz est née quant à elle grâce à ses membres qui se sont regroupés pour éviter la fermeture d’une épicerie de produits naturels à Chicoutimi.
Mais les reprises de faillite sont loin d’être les seules opportunités de rachat d’entreprises privées. Pour Janek Thibault, l’économie sociale doit également s’intéresser aux rachats d’entreprises saines et en pleine croissance, des entreprises familiales sans relève par exemple ou des entreprises à vocation sociale dont se départissent des entrepreneurs épuisés par la pandémie. «Ce n’est pas encore un réflexe en économie sociale: les coopératives ou les OBNL démarrent souvent à partir d’un besoin. Mais pourquoi partir de zéro quand on peut acheter une entreprise existante qui couvre déjà partiellement ce besoin?» À l’image des coopératives funéraires au Québec: le rachat des entreprises concurrentes dans ce domaine a permis, selon Janek Thibault, de bâtir un réseau structuré capable d’offrir des prix abordables à la population sur le territoire que ces coopératives desservent. «Cette démarche peut permettre à un OBNL ou une coopérative d’aller plus loin dans le développement de l’économie sociale.»
Garderies, traiteurs, librairies, micro-brasseries ou épiceries, de nombreux secteurs d’activités sont propices aux rachats d’entreprises privées en vue de les transformer en entreprises collectives – et ainsi d’étendre leur portée sociale sur le territoire. C’est le cas par exemple d’une résidence pour personnes âgées reprise par un OBNL d’aide à domicile qui décide d’offrir un nouveau service à des personnes en transition vers des CHLSD. Ou d’une entreprise de transport scolaire que reprennent collectivement des chauffeurs d’autobus afin de maintenir ou développer ce service auprès des écoles et des municipalités d’une région. Et pourquoi pas, d’imaginer la reprise d’une garderie non subventionnée par ses employés et des parents regroupés en une coopérative de solidarité pour la transformer en garderie subventionnée. «Il faut viser des entreprises privées qui vont permettre à une coopérative ou un OBNL de rester ancré sur le territoire et d’être au service de la population», souligne Janek Thibault.
Janek Thibault sera notre invité lors de la Conférence Novae – Finance durable, qui se tiendra le 31 août. Détails et inscriptions.
Photo de une : Toa Heftiba
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