Recycler le plastique numéro 6: c'est possible
Une nouvelle technologie québécoise permet de recycler le polystyrène et de réutiliser cette matière à l'infini. Serions-nous sur le point de savoir gérer la fin de vie des produits fabriqués...
La PME d’Anjou suscite beaucoup d’intérêt depuis quelques années. Il faut dire que grâce à elle, l’enfouissement des déchets de polystyrène pourrait très bientôt devenir chose du passé. Voilà en tout cas l’un des objectifs de Polystyvert, qui a développé une technologie de recyclage en vue de créer une économie circulaire du polystyrène. Concrètement, la technologie consiste à dissoudre en quelques secondes ces déchets dans une huile essentielle. Des processus mécanique et chimique débarrassent ensuite le polystyrène liquide de ses contaminants, comme le papier ou les encres. Le polystyrène est finalement séparé de l’huile et récupéré sous forme solide pour être transformé en pastilles. L’huile essentielle est quant à elle réintroduite dans un nouveau cycle de dissolution.
«Le polystyrène ainsi obtenu est de très haute qualité et peut être utilisé pour toutes les applications standards, aussi bien dans les emballages alimentaires que dans le bâtiment», indique Solenne Brouard, fondatrice et présidente de l’entreprise. Cette technologie fonctionne d’ailleurs avec différents types de polystyrènes, dont le plus connu, le polystyrène expansé, utilisé par exemple dans les emballages alimentaires. En raison de sa faible densité et donc de son volume imposant, le transport du polystyrène expansé est particulièrement coûteux. Pour y remédier, Polystyvert a mis au point un équipement de dissolution, un concentrateur, permettant au producteur de déchets de dissoudre lui-même ses résidus à même ses locaux. «Le concentrateur réduit par dix le volume du polystyrène expansé, et permet ainsi de transporter 8 tonnes de polystyrène au lieu de 700 kg dans un camion de 54 pieds.» Ce concentrateur, conçu de trois tailles différentes, peut ainsi répondre aux besoins d’établissements de restauration rapide, de distributeurs alimentaires ou de produits électroniques, d’entrepôts pharmaceutiques ou encore de chantiers de construction.
La technologie Polystyvert a séduit nombre de partenaires financiers, comme Cycle Capital Management, Anges Québec et, tout dernièrement, Investissements Quadriam, le fonds d’investissement privé de Lino Saputo Jr. Au total, la compagnie a ainsi levé près de 18 millions $ depuis sa création en 2011. L’entreprise vient en outre de franchir une nouvelle étape avec le démarrage d’une usine de démonstration à Anjou. «Cette usine est l’occasion de tester à grande échelle notre technologie pour nous assurer que notre polystyrène est de haute qualité. Cette phase de démonstration de 12 à 18 mois permettra également d’estimer le coût de production de ce polystyrène recyclé pour démontrer que cette production est moins chère comparée à celle du polystyrène vierge.»
Une étape d’autant plus importante que Polystyvert compte aussi commercialiser la licence de sa technologie. Le secteur visé : les grands producteurs mondiaux de polystyrène pour qui «la demande en polystyrène recyclé est de plus en plus forte.» Une ambition qui fait dores et déjà écho auprès de cette industrie, comme l’illustre une entente conclue en début d’année avec la branche européenne de Total Polymère en vue de développer la technologie à grande échelle.
Polystyvert et sa présidente Solenne Brouard accueilleront la prochaine Rencontre Novae, le 23 novembre. Pour vous inscrire, cliquer ici.
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