L'économie de seconde main gagne aussi l'alimentation
Par Mickaël Carlier | 18 mai 2017 |
Chronique
Si on est habitué aux livres et autres vêtements d’occasion, l’économie de seconde main est en passe d’être transposée aux produits alimentaires.
Car, comme le souligne Mickaël Carlier dans sa chronique Innovation sociale, sur les ondes de Radio-Canada, cette économie de seconde main a deux grands avantages: permettre à tout un chacun – y compris les personnes à plus faibles revenus – d’accéder à toutes sortes de produits moins chers ; et augmenter la durée de vie utile de ces objets. Des bénéfices donc à la fois sociaux et environnementaux. «Transposée à l’alimentation, cette économie de seconde main dispose des mêmes deux grands avantages : elle peut aider les personnes défavorisées à mieux subvenir à leurs besoins ; et cela contribue à lutter contre le gaspillage alimentaire.»
Mickaël Carlier, président, Novae
Cette économie de seconde main des produits alimentaires donne lieu à de plus en plus de projets innovants. «On assiste par exemple depuis plusieurs mois à l’émergence des frigos collectifs ou frigos-partage. Ce mouvement, porté par des citoyens ou des entrepreneurs, permet à chacun de prendre ou déposer des aliments grâce à cette plateforme d’échange que constituent ces frigos en libre-service. On en trouve par exemple dans des restaurants, comme c’est le cas au Soupe et cie à Québec, ou dans des espaces de travail partagés, comme les frigos BonApp, à Montréal.»
Si cette démarche peut sembler marginale, elle témoigne néanmoins d’une tendance qui, elle, prend de l’ampleur et gagne même les grandes entreprises. «Alors que les banques alimentaires et les supermarchés collaborent déjà depuis plusieurs années, un projet de grande ampleur a été amorcé il y a quelques semaines: les trois principaux réseaux de détaillants – Loblaw, Metro et Sobeys – se sont joints au premier programme commun canadien de récupération de nourriture invendue. Ce sont ainsi plus de 600 magasins qui sont concernés! Et ensemble, ils devraient réussir à récupérer plus de 8000 tonnes de nourriture par année, le tout réacheminé dorénavant vers des banques alimentaires.»
D’autres banques alimentaires optent pour le chemin inverse : elles se transforment elles-mêmes en supermarchés. «Oz Harvest, la plus importante banque alimentaire australienne, a ouvert récemment un véritable supermarché dédié aux produits récupérés. Des produits proches de leur date de péremption, et qui proviennent de restaurants, de traiteurs ou d’épiceries. Tout y est gratuit : on paie ce que l’on veut – ou ce que l’on peut. Ouvert à tous, ce supermarché d’un nouveau genre peut non seulement aider des personnes dans le besoin à mieux se nourrir, mais contribue aussi à sensibiliser l’ensemble des citoyens à tous ces produits alimentaires que l’on gaspille alors qu’ils demeurent parfaitement comestibles!»
Pour écouter la chronique au complet, cliquer ici.
Les frigos en libre-service, comme ici un frigo BonApp, permettent de déposer ou prendre des produits alimentaires.