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Économie circulaire: une bière québécoise faite à partir de pain récupéré

Par Marie Allimann | 4 avril 2018 | Entreprise

La Toast est une nouvelle bière issue d’une collaboration inusitée entre deux PME, l’une ayant revalorisé les «déchets» de l’autre.

La bière Toast, nouvellement lancée sur le marché québécois, porte bien son nom: le pain intègre sa composition, en remplacement d’un tiers de l’orge. Sa particularité ne s’arrête pas là, puisque ce pain est récupéré dans une démarche d’économie circulaire entre la microbrasserie Multi-Brasses et une banque alimentaire, Sécurité alimentaire, dans la région de Victoriaville.

Le partenariat entre ces deux organisations permet d’ajouter une étape supplémentaire à la valorisation du pain déjà mise en place par Sécurité alimentaire. Concrètement, celle-ci distribue aux familles dans le besoin des pains invendus qu’elle reçoit des boulangeries et supermarchés de la région. Les pains devenus secs, qui restent en surplus, étaient jusqu’à présent réacheminés exclusivement pour la fabrication de nourriture animale. La récupération d’une partie de ces restes pour la fabrication de la bière permet une réutilisation supplémentaire du pain sec. «On savait qu’en prenant du pain pour la bière, il n’y aurait pas moins de nourriture animale, indique David Verville, chargé de projet chez Synergie Victoriaville et sa région: les drêches de brasserie, [les résidus provenant du brassage de la bière], sont appréciées des porcs, et sont donc également destinées à l’alimentation animale.»

toast-conf

Lors du lancement de la Toast, à la mi-mars, à Victoriaville.

À l’initiative de ce projet: Synergie Victoriaville dont la mission est de développer des projets d’économie circulaire à l’échelle de la MRC d’Arthabaska. L’objectif est «d’identifier parmi les rejets des entreprises (…) tout ce qui pourrait correspondre aux besoins d’autres entreprises et d’optimiser tout le flux de matière et d’énergie en région. On cherche donc à la fois des économies monétaires et des réductions des émissions de GES et des matières vouées à l’enfouissement», indique David Verville. Instigateur du projet, David Verville a fait le lien entre la banque alimentaire et la micro-brasserie pour produire une bière à base de pain, un concept déjà adopté ailleurs dans le monde, en France, en Belgique, en Angleterre et à New York. «Ce projet permet d’établir un pont entre des organisations qui n’ont a priori aucun lien entre elles. [Or], plus le milieu communautaire et le milieu des affaires ont des liens entre eux, plus le milieu est structuré, et plus la région est forte.»

babylone

Plusieurs bières sont produites à partir de pain récupéré, comme ici la bière belge Babylone.

«Pour chaque litre de bière, 100 g de pain sont récupérés : cela permet de réduire la quantité de l’orge pour l’équivalent de 5 sous et de réduire les GES de 8 grammes.» Bien que modeste en termes d’impacts environnementaux et économiques, ce projet est surtout un exemple concret afin de donner de la visibilité au concept d’économie circulaire et de créer un effet boule de neige auprès des entreprises de la région. «Ce produit porte une signature à la fois régionale et de développement durable. Il y a un intérêt dans tout le réseau de distribution de la micro-brasserie.» Pour Multi-Brasses, la bière Toast attire une nouvelle clientèle de par son goût prononcé qui se distingue de sa ligne habituelle. Elle attire aussi d’autres consommateurs, sensibilisés à la démarche de récupération du pain, et qui y trouvent, selon David Verville, «un plaisir intellectuel.»


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