Utiliser le «vieux» plastique pour en faire du neuf
Par La Rédaction | 10 avril 2019 |
Entreprise
Des cartouches d’encre usagées aux bouteilles ramassées en Haïti, l’entreprise québécoise Lavergne fait littéralement du plastique neuf avec du vieux.
Des équipements électroniques en fin de vie aux bouteilles en PET, le groupe montréalais Lavergne recycle les plastiques pour les transformer en matières premières sous forme de résines d’ingénierie. Parmi ses sources d’approvisionnement, Lavergne traite les plastiques récupérés par des compagnies soucieuses de réutiliser ces ressources en boucle fermée, à l’instar de HP qui a développé un programme de retour de cartouches d’imprimante usagées pour les recycler et les réintégrer dans la fabrication de nouvelles cartouches.
Lavergne recycle également les bouteilles en plastique provenant d’Haïti, un pays où s’amoncellent ces déchets en raison d’un accès limité à l’eau potable et d’un manque d’infrastructures de gestion des déchets. Pour cela, elle s’est associée en 2017 à une compagnie haïtienne, Environmental Cleaning Solutions S.A. (ECSSA), un centre de recyclage qui cherchait des nouveaux débouchés commerciaux. «Au-delà du recyclage, ce projet crée un impact social: il offre des emplois, il permet aux gens de mieux vivre et d’assurer une scolarité à leurs enfants», souligne Jean-Luc Lavergne, président de l’entreprise. Le partenariat Lavergne-ECSSA prévoit maintenant automatiser le centre de recyclage de manière à traiter entièrement sur place les bouteilles. Ce projet devrait par ailleurs permettre la création de 15000 emplois pour la cueillette des bouteilles en Haïti.
Lavergne transforme les déchets plastiques pour obtenir différents types de résines en granules selon l’origine du plastique. Ces résines demeurent recyclables plusieurs fois et leurs qualités sont similaires à celles de la matière première vierge. Vendues aux manufacturiers, elles réintègrent ultimement le processus de fabrication du plastique destiné à des produits d’usages variés, tels que du mobilier de bureau, des appareils électroniques et des électroménagers. Les résines recyclées à base de bouteilles en PET en particulier sont utilisées notamment dans les cartouches d’encre HP ou encore dans des pièces automobiles que fabrique General Motors.
Les cartouches d’encre d’HP sont faites en partie de plastique récupéré puis transformé par Lavergne.
Détournement des plastiques des sites d’enfouissement, réduction des émissions de GES, de la consommation d’eau et d’énergie, les avantages environnementaux du plastique recyclé sont nombreux. Concrètement, l’utilisation de PET recyclé a permis à la compagnie HP de réduire son empreinte carbone de 42% par rapport à l’utilisation de plastique vierge. « De plus, contrairement aux plastiques fabriqués à base de matières vierges, les plastiques recyclés bénéficient d’une stabilité des prix sur le marché, ce qui renforce leur prix compétitif sur le long terme», indique Jean-Luc Larvergne.
Keurig Dr Pepper Canada est un autre exemple d’organisation qui s’efforce d’intégrer les principes de l’économie circulaire dans ses processus, en favorisant notamment l’utilisation de matériaux recyclés. On y travaille présentement au développement d’une cafetière qui sera partiellement composée de plastique recyclé, résine qui sera fournie par le Groupe Lavergne dont l’usine d’Anjou est située à quelques minutes du siège social de Keurig Dr Pepper Canada. «En tant que grande organisation, nous avons la responsabilité de nous mobiliser pour permettre la mise en place de façons de faire plus durables, plus circulaires, dit Stéphane Glorieux, président de Keurig Dr Pepper Canada. Et je suis extrêmement fier de pouvoir compter, pour ce projet, sur l’expertise et le savoir-faire d’un partenaire d’ici.»
Jean-Luc Lavergne souligne par ailleurs un changement récent des perceptions en faveur des plastiques recyclés dans un contexte où la pollution des océans par le plastique est devenue un enjeu planétaire, et que la Chine, premier importateur de déchets, a interdit l’importation d’un grand nombre d’entre eux sur son territoire en 2018. «Il y a énormément de produits en fin de vie à recycler pour les prochaines décennies. La situation est telle que les fabricants doivent aujourd’hui se responsabiliser. Il est nécessaire de continuer à trouver des solutions technologiques mais aussi de repenser les systèmes d’opération et de production sur les bases de l’économie circulaire.»
La rédaction de cet article a été financée par Keurig Dr Pepper Canada
Photo de Une: Ishan