Architecture: construire moins, utiliser mieux
Avec des centaines de bâtiments sous-utilisés, voire totalement vides pour la seule ville de Montréal, l'heure n'est-elle pas venue de revoir la façon dont on utilise les édifices existants au...
C’est ce que suggère le rapport « The Urban Bio-Loop » de la firme de design Arup qui prône l’utilisation de déchets organiques dans la fabrication de matériaux de construction selon les principes de l’économie circulaire. Objectif: lutter contre l’épuisement des ressources naturelles et ajouter une valeur commerciale significative à ces déchets.
Des panneaux acoustiques à base de tiges et de feuilles, des moquettes conçues avec des résidus de bananes ou des meubles en panneaux de coquilles d’arachide, les exemples de produits fabriqués avec des déchets organiques se multiplient dans le monde. Ils apportent, selon Arup, une réponse aux enjeux environnementaux auxquels le secteur de la construction fait face: responsable de 30% des déchets européens, cette industrie demeure la plus grande consommatrice de ressources naturelles non renouvelables.
En Europe, la majorité des déchets organiques sont réutilisés sous forme de compost ou de recyclage ; et, dans une moindre mesure, sont incinérés. Du point de vue environnemental, ces procédés traditionnels de traitement des déchets s’avèrent plus efficaces que l’envoi vers les sites d’enfouissement. Toutefois, pour Arup ces déchets pourraient en partie être détournés au profit de modèles d’exploitation alternatifs plus attractifs.
Outre l’avantage environnemental, ces modèles ont le potentiel de créer des impacts positifs sur plusieurs plans : économique, social et technique. Une étude de cas menée à Milan, en Italie, permet d’affirmer que « la valeur commerciale d’un kilogramme de déchets organiques traités à des fins de construction serait de cinq à six fois plus élevée que la valeur obtenue avec les procédés d’élimination actuels ». L’utilisation des déchets organiques dans le secteur de la construction permettrait par la même occasion la création de nouveaux modèles d’activité, et donc de nouvelles entreprises en soutien aux économies locales. L’innovation dans les procédés de fabrication est vue, quant à elle, comme un catalyseur dans ce développement. Les briques fabriquées à base de champignons dans le projet de la « Mushroom tower », à New-York, illustrent les techniques nouvelles dans le domaine, tout comme l’édifice BIQ Hamburg (ci-dessous), en Allemagne, qui intègre sur sa façade des bioréacteurs à micro-algues pour générer de la chaleur.
Le rapport affirme que l’utilisation des déchets organiques à des fins de construction est une opportunité mondiale qui peut être exploitée localement, dépendamment des caractéristiques régionales, comme le climat, les sources d’approvisionnement, le coût de production ou les règlementations. Les nouveaux modèles d’exploitation des déchets organiques doivent en plus, pour être viables, miser sur des produits plus sains, à faible impact environnemental. Ils doivent en même temps offrir les mêmes qualités que les matériaux traditionnels. Par exemple, les panneaux à base de pommes de terre fabriqués par la compagnie néerlandaise, Crustell B.V., répondent à ces critères : légers, imperméables et résistants au feu, ils sont entièrement biodégradables en fin de vie.
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