CSI : Changer le monde par l'innovation sociale
Par Marie Allimann | 14 décembre 2016 |
Entrevue
Alors que le Centre for Social Innovation (CSI) s’associe dans le cadre d’une nouvelle antenne à London en Ontario, rencontre avec Adil Dhalla, son directeur exécutif.
À la fois espace de coworking et rampe de lancement pour les entrepreneurs sociaux qui souhaitent changer le monde, le CSI stimule l’émergence d’une nouvelle culture d’affaires.
Le CSI contribue à l’émerge de l’innovation sociale et aide ses porteurs de projets. Expliquez-nous en quoi consistent vos activités.
Nous sommes une entreprise sociale, dédiée aux innovateurs et entrepreneurs sociaux, nous nous spécialisons dans la création d’espaces de travail partagés pour les personnes ou les organisations ayant une mission sociale. Nous avons trois emplacements à Toronto, et un autre à New York, ainsi qu’un partenariat avec un tout nouvel espace de travail partagé ouvert à London (Ontario). Tous servent d’espaces de travail partagés, de laboratoires d’innovation sociale et de centres communautaires où les membres peuvent louer des bureaux privés, des bureaux partagés ainsi que des espaces de réunion et d’événements.
Notre mission est de catalyser l’innovation sociale et de favoriser la collaboration en reliant les innovateurs sociaux et les entrepreneurs travaillant dans différents secteurs. Pour cela, nous leur offrons divers ateliers, séminaires, concours et autres possibilités de mentorat pour accélérer leur succès. Nous avons également un rôle d’incubateur auprès des entreprises sociales, en leur fournissant notamment des services stratégiques, administratifs ou financiers.
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Le CSI favorise la collaboration entre les innovateurs sociaux et les entrepreneurs travaillant dans différents secteurs en leur offrant notamment des séminaires et du mentorat
Quels ont été les grands accomplissements du CSI depuis sa création ?
Lors de sa création en 2004, le CSI comptait seulement 12 organisations membres, aujourd’hui il y en a plus de 1000 réparties dans nos cinq antennes! Nous avons commencé dans un bâtiment de 5000 pi2 ; maintenant nous en cumulons plus de 160 000 pi2. Notre communauté continue de se développer et c’est très agréable de pouvoir observer le chemin parcouru.
Nous sommes également fiers de la manière dont nous avons réussi à financer nos différents édifices : notamment par l’émissions d’obligations communautaires, ce qui nous a permis de mobiliser de nouvelles sources de capitaux privés auprès de notre communauté. En 2010, cela nous a permis d’acheter le 720 Bathurst. Nous avions reçu un prêt de la ville de Toronto mais il nous manquait un peu plus 2 millions $. Nous avons réussi à obtenir cette somme auprès de 60 investisseurs citoyens et 3 fondations privées. À l’époque l’émission d’obligations communautaires était un modèle de financement quasiment inédit, et cela a inspiré de nombreuses organisations à travers le pays à faire la même chose.
Nous avons d’ailleurs renouvelé cette expérience en 2014 lorsque nous voulions créer une nouvelle antenne du CSI à Toronto (le 192 Spadina). Nous avons réussi à lever plus de 4 millions $ auprès de 230 investisseurs. Ce qui me rend le plus fier c’est que la grande majorité de ces investisseurs sont des personnes ou des organisations qui font partie de notre communauté. Cela prouve que nous avons vraiment réussi à créer un écosystème très fort autour de notre philosophie et de nos valeurs.
Adil Dhalla, directeur exécutif du CSI
En quoi ce que vous faites est pertinent pour les entreprises «traditionnelles» ?
Notre partenariat avec la banque TD est un bon exemple de notre travail avec les entreprises traditionnelles. Cette institution financière joue un rôle important dans notre développement notamment en aidant les organisations du CSI à obtenir des prêts qui leur permettront de se lancer en affaires et d’accélérer leurs idées. Au CSI, nous cherchons avant tout à être inclusifs, c’est pourquoi nous réalisons des partenariats autant avec des grandes que des petites organisations. Le changement social viendra si tous les types de profils font partie de la solution. Nous avons toujours voulu créer des liens entre les grandes entreprises, les PME, les startups et les OBNL. Pour les entreprises «traditionnelles», tisser un partenariat avec nous leur permet de se rapprocher du monde de l’innovation sociale, et de transformer leur culture organisationnelle et leurs valeurs. C’est aussi l’occasion de s’adapter à la volonté des consommateurs qui désirent être davantage en relation avec des entreprises ayant un véritable impact social sur leur environnement. Nous travaillons également avec le gouvernement canadien qui est très attentif et réceptif au développement de notre communauté. Il finance d’ailleurs notre programme « Agents of Change » qui est cette année dédié aux changements climatiques.
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Quels sont vos prochains projets ? Comment voyez-vous l’avenir de l’innovation sociale?
Nous avons plusieurs projets très excitants pour 2017. Par exemple, nous allons organiser « Toronto for Everyone », un événement qui souhaite célébrer l’avenir de Toronto en réunissant tout ce que la ville a de meilleur à offrir. Il s’agira d’un festival sur trois jours dédié à une nouvelle économie inclusive et collaborative. Et bien sûr nous allons continuer de développer notre réseau et notre philosophie à travers le pays. L’innovation sociale au Canada est en train d’émerger petit à petit, apparaissant de plus en plus comme étant un élément incontournable. Il reste encore du chemin à parcourir pour que cette approche soit « mainstream », il s’agit encore trop d’un domaine d’initiés. Néanmoins le nouveau gouvernement fédéral souhaite que l’innovation sociale prenne une place plus importante au pays et nous suivons cela avec grand intérêt. Je suis assez optimiste pour le futur.