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Un jour nous aimerons… les déchets

Par Mickaël Carlier | 6 juin 2019 | Chronique

Si aujourd’hui le déchet est un mal-aimé de notre société, cette situation est amenée à changer radicalement.

 «Aujourd’hui on déteste les déchets, avec raison: on en produit de façon démesurée, on ne sait pas quoi en faire, on croule littéralement sous les déchets», dit Mickaël Carlier, président de Novae, à sa chronique Innovation sociale, sur les ondes de Radio-Canada. Ce qui crée même des tensions politiques: avec la décision de la Chine de refuser l’exportation de déchets vers son territoire, les Philippines viennent de retourner plusieurs tonnes de déchets au Canada, et la Malaisie menace de faire de même.

«Tout cela nous dit qu’il faut penser différemment. Nous vivons dans un lieu “restreint”: la planète Terre! Si bien que, tant à l’échelle des individus que des États, on a beau tourner le dos à nos déchets, les jeter loin de nous – jusqu’en Asie ou Afrique -, on réalise qu’on ne s’en débarrasse finalement jamais!»

biro2

Dévoilée à Milan en avril, la Biro est un concept de voiture électrique faite à 80% de plastique recyclé.

Au cours des prochaines années, la pollution et la pression sociale nous obligeront donc à réduire à la source notre production de déchets, mais aussi à trouver des débouchés. «Les déchets que nous ne parviendrons pas à supprimer à la source, nous devrons les utiliser. Et pour cela, il nous faut… les ‘aimer’. Autrement dit, sortir du déni, accepter leur existence, prendre conscience de leur impact, mais aussi de leur potentiel.»

«Un jour, le déchet n’existera plus.
Il sera une ressource, une matière première
que l’on ne pourra pas se permettre de gaspiller.»

Cette prise de conscience est aujourd’hui stimulée par des événements plus originaux les uns que les autres, à l’image de ce Festival des déchets ou de cette compétition de ramassage de déchets. «On évoque ici les déchets autrement, on nous sensibilise et on nous conduit à poser un nouveau regard sur les déchets pour que, ultimement, on s’en occupe!»

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Plusieurs marques de bières – comme ici la québécoise Loop – récupère du pain invendu pour le revaloriser dans leurs produits.

En changeant les mentalités, ces initiatives originales nous aideront peu à peu à développer de nouveaux modèles – économiques, industriels, de consommation – dans lesquels le déchet sera totalement pris en compte et intégré. De nombreux projets adoptent déjà ce type de pratiques: qu’il s’agisse des bières faites à partir de pain récupéré et autres produits faits avec du plastique recyclé, à l’instar de la Biro, un concept de véhicule électrique fait à 80% de plastique recyclé.

«Par ces démarches, on allonge la durée de vie de la matière, on retarde le moment où elle devient déchet. La prochaine étape consistera à s’assurer de recycler et revaloriser à l’infini, en une boucle fermée perpétuelle. Alors le déchet n’existera plus: il sera une ressource, une matière première que l’on ne pourra pas se permettre de gaspiller! Et viendra donc bel et bien ce jour où l’on aimera les déchets… devenus ressources!»


Pour écouter la chronique au complet, cliquer ici.


Photo de Une: Hermes Rivera


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