Alors que l’industrie touristique dépend directement de l’état du patrimoine naturel et culturel de la planète, Michel Lemay, vice-président, Affaires publiques et communication, nous présente la façon dont Transat aborde le développement durable dans sa stratégie d’affaires.

Comment définissez-vous le tourisme durable ?
Il s’agit d’un tourisme qui se développe harmonieusement avec la nature et les communautés d’accueil, le tout au profit de celles-ci et au bénéfice des touristes eux-mêmes. Notre industrie est confrontée à de grands enjeux. Elle est devenue la première industrie de la planète: on prévoit 1,6 milliard de touristes internationaux vers 2020. Ce qu’il faudra donc surveiller: aménagement du territoire, gestion des déchets, consommation de ressources naturelles, standardisation culturelle, tourisme sexuel, etc. Mais il faut aussi considérer le fantastique levier de développement économique que ce secteur représente pour des milliers de communautés à travers le monde.

Comment le développement durable s’est-il traduit chez Transat?
On a élaboré une stratégie de développement durable en 2006 qui a été mise en œuvre en 2007. C’est à partir de ce moment-là que l’on a étendu nos activités sociétales au-delà de la philanthropie. L’une des premières actions a été la mise en place d’un programme de soutien de projets à destination. Les destinations touristiques internationales entreprennent des initiatives très intéressantes, mais qui manquent souvent de financement : les séjours d’écotourisme, la mise en valeur du patrimoine, la préservation de la biodiversité, etc.

Décrivez-nous l’un de ces premiers projets.
Pour l’un d’entre eux, à Cuba, nous nous sommes associés au Fonds mondial pour la nature – Canada (WWF). Ensemble, et de concert avec les autorités locales, nous avons réalisé un projet sur trois ans. Le but était de jeter les bases d’une politique de tourisme durable afin de préserver les écosystèmes cubains, qui sont parmi les plus riches de la région des Caraïbes. Un objectif tangible du programme était d’établir des indicateurs permettant de mesurer les répercussions du tourisme, de la capacité d’accueil maximale d’un site à sa consommation d’eau potable par exemple.

Dans quelle mesure la taille de votre entreprise vous permet-elle d’avoir une influence positive sur vos partenaires d’affaires? 
En tant que voyagiste, nous pouvons en effet exercer une influence importante sur un grand nombre d’entreprises – notamment sur nos fournisseurs. C’est le cumul de toutes ces actions qui génère le changement. Nous avons par exemple mis en place un programme hôtelier qui illustre bien cette dynamique. Il comprend notamment une liste de 55 bonnes pratiques que l’on aimerait voir adoptées par les hôtels avec lesquels nous travaillons. Cela vise la gestion de l’eau et de l’énergie, l’achat responsable, l’engagement social, la formation du personnel, etc. Environ 125 hôtels y adhèrent déjà.

Comment la RSE va-t-elle influencer votre modèle d’affaires au cours des prochaines années?
Il ne peut pas y avoir de retour en arrière ; les pressions sont déjà trop importantes. Il y a maintenant urgence d’agir, d’autant plus que l’on identifie plus facilement les entreprises retardataires grâce aux normes internationales, mais aussi parce que l’information circule plus vite et que les voyageurs sont mieux informés. C’est d’ailleurs peut-être du tourisme que naîtront les initiatives les plus intéressantes en RSE au cours de la prochaine décennie. En effet, les voyageurs sont des consommateurs exigeants, qui demandent un tourisme de qualité. Or, cette qualité sera en péril si l’on ne respecte pas les principes du tourisme durable. La qualité des milieux, que ce soit au niveau culturel, social ou environnemental, est un atout stratégique pour notre secteur d’activité : il y va de la pérennité de notre entreprise.

Cette entrevue est extraite de la publication Développement durable 2022, dans laquelle une vingtaine de grandes entreprises (Alcoa, Bell, Bombardier, Cascades…) exposent leur vision d’affaires éco-responsables.