Novae sera dans la rue
Novae participera à la marche pour le climat aux côtés des milliers de citoyens, étudiants, employés, entrepreneurs... Amis lecteurs, vous serez certainement nombreux vous aussi à prendre part à cet événement....
C’est la délicate question que pose Mickaël Carlier à sa chronique Innovation sociale, sur les ondes de Radio-Canada. Car, par exemple, contrairement aux Suédois qui éprouvent le «Flygskam», ce sentiment de culpabilité à l’égard de l’empreinte environnementale des voyages en avion, on est encore très nombreux à apprécier ce mode de transport. «On estime même que c’est notre ‘droit’ de voyager; de la même façon qu’on a le ‘droit’ d’habiter une grande maison, de posséder un chalet et deux voitures, ou encore de manger de la viande et des fruits exotiques toute l’année.» Or, s’il est légitime de défendre nos droits individuels – fondement de nos démocraties – nous faisons néanmoins face à un problème: «Nous sommes de plus en plus nombreux, et nos libertés individuelles, en constante expansion, se trouvent aujourd’hui confrontées à des réalités qui, elles, ne sont pas extensibles: les limites de notre planète.»
De la même façon que l’on confronte régulièrement les entreprises, exigeant à juste titre qu’elles assument leurs responsabilités – en matière de gaz à effet de serre, de réduction du plastique, etc. – n’est-il pas logique que l’on pointe également nos responsabilités individuelles? «Et si l’on ne parvient pas à assumer ces responsabilités par nous-mêmes, il devient légitime de poser la question: ne faut-il pas réévaluer nos libertés individuelles, même s’il s’agit évidemment d’une idée très confrontante?»
Dans le cas des voyages en avion – secteur qui a franchi en 2017 le cap des 4 milliards de voyageurs au cours d’une année -, certains évoquent la possibilité d’imposer des quotas de voyages ou de kilomètres parcourus dans l’année, attribués à l’aide d’une «loterie». «Une telle logique pourrait aussi être appliquée à notre consommation de viande ou à la superficie de notre logement afin qu’elle soit davantage proportionnelle au nombre de personnes qui y habitent. C’est que, face à l’urgence climatique, que certains n’hésitent pas à comparer à une situation de « guerre », aborder nos envies individuelles comme un « buffet à volonté » parait de plus en plus insoutenable.»
Bien sûr, il ne sera pas facile d’obtenir l’adhésion à de telles contraintes, si elles devaient un jour être véritablement imposées. «Pour accepter de laisser aller quelques privilèges individuels, il faudra non seulement saisir l’intérêt général d’une telle approche, mais aussi avoir le sentiment de justice et d’équité – les privilèges de mon voisin devront être autant restreints que les miens. Il faut aussi transformer ces contraintes en opportunités. Or, cela existe déjà: par exemple, pour lutter contre l’auto-solo, on a inventé l’accès privilégié à la voie de gauche sur les autoroutes, plus rapide et uniquement accessible aux véhicules transportant plusieurs passagers, le conducteur seul restant dans le trafic dans les voies de droite. On a fait d’une contrainte un privilège.»
Ces questionnements, épineux, seront de plus en plus présents dans les débats publics au cours des prochaines années. Il est donc nécessaire de revoir le discours autour de ces approches. «Si les Suédois ont ‘inventé’ la honte du voyage en avion, inventons des ‘fiertés’ liées à l’adoption de nouveaux comportements en phase avec notre réalité, avec notre environnement. Rendons socialement prestigieux le fait de circuler à vélo plutôt qu’en SUV! Revoyons nos critères de succès social. Les médias, publicitaires et autres influenceurs ont un rôle primordial à jouer pour rendre ces nouveaux comportements socialement attrayants et nous aider à revoir notre rôle dans la société, notre rapport entre envies personnelles et intérêt général. Ces questions seront au cœur de la survie de notre espèce.»
Pour écouter la chronique au complet, cliquer ici.
Photo de Une: Anete Lusina
Photo intérieure: Bradley Ziffer
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