Recycler nos vieux objets… par textos
Une application mobile souhaite faciliter la réutilisation et le recyclage de nos matières encombrantes en connectant citoyens et «collecteurs».
Nommée Grabville, cette plateforme connecte les administrations municipales, les citoyens et les collecteurs autorisés. Objectif: développer des écosystèmes d’économie circulaire dans lesquels il est possible de vendre, acheter, donner ou se débarrasser de n’importent quels objets ou matériaux encombrant de manière responsable – et ainsi optimiser leur réutilisation ou leur recyclage. « J’ai eu cette idée en faisant des rénovations de ma maison, j’ai réalisé que la plupart de mes matières encombrantes allaient dans les sites d’enfouissement et n’étaient pas recyclées », explique Frédéric Proulx, le fondateur de Grabville.
Grabville, actuellement utilisé par 25 000 personnes dans le cadre de projets-pilotes menés à La Prairie, Brossard et Saint-Constant, cherche ainsi à répondre à un besoin que beaucoup de citoyens ont : se débarrasser aisément d’un objet désuet ou encombrant. Grabville leur offre une carte interactive par laquelle ils peuvent trouver l’ensemble des acteurs de l’économie circulaire dans leur secteur.
Ainsi, un citoyen qui souhaite se débarrasser d’un appareil électroménager qui ne fonctionne plus dispose ici de deux moyens pour demander une collecte : par message texte ou par Facebook Messenger. Il lui suffit d’envoyer une photo de l’objet en question et de compléter quelques informations telles que son adresse, incluant le code postal et l’étage où se trouve l’objet, le type de matière, etc. A partir de là, Grabville s’occupe de transférer à l’ensemble des «collecteurs» de la région (tels que des organismes municipaux, mais également des particuliers) qui doivent alors faire la meilleure offre pour obtenir l’objet. Si leur offre n’est pas la meilleure, ils reçoivent un message afin de leur donner une seconde chance. Après 30 minutes, Grabville transmet la meilleure offre au citoyen qui a alors le choix de l’accepter ou de la refuser. S’il l’accepte, la mise en contact est effectuée et la transaction enclenchée.
Du côté des municipalités, Grabville vend une licence qui leur donne notamment accès à l’ensemble des données relatives aux demandes de collecte sur leur territoire, incluant les types et quantités de matières récupérées, les secteurs où ces demandes sont faites, etc. Des données précieuses pour les villes qui peuvent les utiliser dans le cadre de demandes de financement gouvernemental de leurs activités de récupération des matières résiduelles. Selon l’équipe de Grabville, l’information que permet de collecter l’outil peut aussi les aider lors de négociations avec des entreprises de collecte de déchets. Finalement, pour simplifier leurs communications avec les citoyens, la plateforme offre aux villes la possibilité d’inclure directement dans l’outil des messages et alertes pour rappeler les horaires des collectes municipales habituelles. « Au lieu de nous implémenter dans les villes en faisant fi de leurs enjeux, nous discutons avec elles afin de développer une entente qui leur donne accès à de précieuses données et leur reversons un pourcentage des revenus que nous faisons sur leur territoire.»
Pour Frédéric Proulx, la valeur ajoutée de Grabville est également tangible pour les écocentres et autres organismes de récupération, un atout d’abord lié à la connectivité. « Beaucoup d’organismes de collecte font face actuellement à des enjeux de communication, il peut être difficile pour les citoyens de les rejoindre et d’obtenir de l’information: Grabville peut les aider à être plus efficace à ce niveau. Par exemple, un organisme de La Prairie recevait des dizaines d’appels par jour sans pour autant recevoir les meubles et les objets dont ils ont réellement besoin. En se connectant à Grabville, ils ont la possibilité en quelques clics de dire oui ou non à n’importe quelle offre de collecte. » Selon lui, il s’agit aussi d’une véritable amélioration pour le citoyen. « Il n’a plus besoin de se déplacer et d’attendre des heures dans un lieu de récupération qui ne pourra peut-être même pas accepter sa matière. Dorénavant, les utilisateurs reçoivent réellement les meilleures offres et les collecteurs passent chez eux pour les ramasser. Pour les personnes qui n’ont pas de voiture ou qui ont de la difficulté à se déplacer, c’est la meilleure solution possible. Cela permet également de limiter les risques de contamination et les grandes piles de matières difficiles à classer. »
En Amérique du Nord, ce sont plus de 26 milliards de dollars en objets qui sont jetés chaque année. Malgré le développement de programmes et de campagnes de promotion du recyclage, entre 70% et 80% des matières qui pourraient être recyclées et réutilisées se retrouvent dans les sites d’enfouissement. « Au final, ce sont les villes et leurs citoyens qui en pâtissent, de même que plusieurs entreprises qui pourraient récupérer la matière. Nous voulons les connecter afin qu’ils aient accès à l’ensemble de ses ressources et que, collectivement, on récupère autant de matière que possible et en retire le maximum d’argent pour financer des initiatives publiques. »
Grabville est aussi présent au Cambodge, dans la ville de Phnom Penh, dont la femme du fondateur est originaire, avec 30 000 utilisateurs dès le premier mois d’activité. La plateforme, qui fait son lancement officiel cette semaine, prévoit une implantation d’ici le début de l’été dans les arrondissements montréalais de Rosemont-La Petite-Patrie, Côte-des-Neiges-Notre-Dame-de-Grâce et Saint-Laurent. Une expansion en Ontario est également prévue pour l’automne.
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