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Objectifs 2007 : les enjeux selon Unisféra

Par André-Anne Cadieux | 14 décembre 2006 | Entrevue

À l’approche des bonnes résolutions de début d’année, Karel Mayrand, d’Unisféra, expose les dossiers importants sur lesquels la société — politiques, entreprises, villes et citoyens — devrait progresser en 2007.

Selon vous, comment se présente l’année 2007 sur le plan politique ?
Il se dessine actuellement une vague de fond qui va placer les enjeux environnementaux à l’avant plan des politiques, au provincial, au fédéral, et en Amérique du Nord en général. Les partis provinciaux ont l’intention d’inclure l’environnement dans leurs campagnes. Quelques signaux nous laissent également penser que les Conservateurs sont en train de faire volte face quant à Kyoto, le nouveau chef du Parti Libéral veut mettre l’environnement de l’avant, le NPD et le Bloc insistent également sur ce sujet, le Parti Vert au fédéral a un nouveau chef, Elizabeth May, plus connu que les précédents, etc. Tous ces ingrédients annoncent une campagne où l’environnement sera à l’avant-plan. Ce qui est également le cas aux Etats-Unis avec l’arrivée des Démocrates au Congrès. Tout en étant le produit des préoccupations des citoyens, cette nouvelle prise en considération va encore augmenter l’attention portée par les citoyens sur ces enjeux. 2007 devrait donc être une année charnière, durant laquelle les décideurs politiques prendront enfin acte de ces préoccupations.

Quelle position occupe le Québec à l’égard du développement durable ?
Pour l’instant, le capital politique s’appuie quasi exclusivement sur l’hydro-électricité, qui nous permet d’avoir un bon bilan environnemental. Mais on ne peut pas en dire autant de la façon dont on gère nos autres ressources naturelles : les secteurs minier et forestier ne sont pas spécialement à l’avant-garde ; je ne crois pas non plus que notre système agricole soit particulièrement durable. Si on regarde les industries à forte intensité environnementale, le Québec n’est pas spécialement innovateur.

Le Québec possède certains atouts importants, dont la forte conscience de la population, qui est prête à suivre jusqu’à un certain point. Nous avons amorcé un virage, avec notamment la loi sur le développement durable, la politique de l’eau, etc. Mais depuis ces 10 dernières années, nous avons fait face à plusieurs crises : l’eau, la forêt, l’agriculture, et maintenant l’éolien. On prend des virages importants, mais on frappe systématiquement des murs environnementaux, parce qu’on ne planifie pas assez en amont notre développement. Le Québec est encore trop régi par une culture selon laquelle notre richesse est fondée sur l’exploitation intensive des ressources naturelles. Si l’extraction des ressources primaires a été bonne pour l’économie québécoise, il nous manque maintenant une vision du nouveau siècle, un modèle avec davantage de valeur ajoutée et de multifonctionnalité.

On parle beaucoup des « régions ressources » : or, la plupart continuent d’être pauvres, bien qu’elles soient riches en ressources ! Pourquoi ? Parce que le mode d’exploitation intensive n’est pas bon : cela crée de l’emploi pour une certaine période, mais dès que le moulin ou l’usine ferme, il ne reste plus rien. Une approche multifonctionnelle permet de se rabattre sur une industrie quand une autre traverse une période difficile. C’est le cas des forêts modèles, que l’on exploite pour la fibre, le bois d’oeuvre, l’écotourisme, etc. La forêt est alors considérée comme un écosystème qui produit un ensemble de biens et services écologiques, que l’on exploite de façon à continuellement maintenir le capital de production.

La question fondamentale qu’il faudrait se poser n’est donc pas « quel est le chiffre d’affaires de l’ensemble des économies d’une région ? », mais « quelle part de ce chiffre d’affaires est réellement structurante pour la communauté ? ».

Quel devrait être l’engagement des entreprises vis-à-vis du développement durable en 2007 ?
Il faudrait qu’elles intègrent l’environnement et le développement durable dans leurs systèmes de valeurs. Il y a eu une première période où les entreprises ont fait certaines actions phares – publier des rapports sur leur gestion environnementale, implanter le recyclage au bureau, etc. Des actions communément admises qui donnent une bonne image. D’autres se disent qu’il y a un véritable avantage concurrentiel à saisir – diminution des coûts de production, intégration d’innovations technologiques, etc. – et n’agissent pas juste parce que c’est  »bien », mais aussi parce que ça rapporte. Une telle démarche demande de la vision et de la volonté de la part des dirigeants. Il s’agit pour eux de faire un choix entre une gestion d’entreprise « réductionniste » ou une gestion proactive.

J’aimerais voir en 2007 un lobby d’entreprises en faveur de l’environnement, incluant des compagnies forestières, des compagnies minières, l’UPA, etc. Toutes les entreprises à fortes intensité environnementales — qui vivent de l’extraction de ressources naturelles — devraient dire : « Notre viabilité économique à long terme dépend du maintien des ressources que l’on exploite, nous décidons donc de devenir les champions du développement durable. »

La problématique à laquelle les villes devraient s’attaquer en 2007 ?
L’enjeu est évidemment l’étalement urbain. La question est : comment redensifier les quartiers centraux ? Et au-delà de ça, le problème fondamental est l’accès à la propriété : comment garder les jeunes familles en ville et donc y créer un cadre de vie intéressant ? Regardons des exemples comme Vancouver où on a reconstruit le quartier de l’Expo 86, avec un tiers de logements sociaux, un tiers de classe moyenne et un tiers plus aisé. Certaines ruelles ont été reconverties en parcs, entre deux bâtiments. Il faut créer des espaces de vie agréables, avec des espaces verts, une belle mixité entre édifices commerciaux et résidentiels, etc. Le plan d’urbanisme de Montréal a certainement de la place pour l’amélioration !

Et la place du citoyen-consommateur ?
La difficulté est que notre environnement de consommation n’est pas propice à faire de nous des consommateurs responsables ; il ne nous propose pas beaucoup de choix durables. Il nous manque l’information pour prendre des décisions éclairées puisqu’on ne connait pas les caractéristiques « éthiques » des produits. Comment savoir si ce pantalon a été cousu par un enfant en Malaisie ?

On nous pousse aussi à consommer toujours plus ; nous y sommes conditionnés dès le plus jeune âge. La publicité joue en grand rôle à cet effet : même si l’on est sensibilisé au fait de marcher ou prendre le métro, lorsque vient la belle pub de voiture rouge décapotable, l’expérience de déplacement qu’on nous propose n’est pas la même !

Pour 2007, j’aimerais que des gens peu conscients de l’impact de
la consommation le deviennent un peu plus. À l’instar de la publicité, qui nous pousse à consommer en utilisant l’émotion, il nous faudrait une « crise du verglas de la consommation », un événement qui fasse réaliser l’impact de nos comportements. Quelque chose qui frappe l’imaginaire des gens.

Objectifs 2007 - la semaine prochaine :
François Rebello, président du Groupe investissement responsable


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