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Objectifs 2007 : les enjeux selon le GIR

Par André-Anne Cadieux | 21 décembre 2006 | Entrevue

À l’approche des résolutions de début d’année, François Rebello, du Groupe investissement responsable, expose les dossiers importants sur lesquels la société — politiques, entreprises, villes et citoyens — devrait progresser en 2007.

Quels sont les dossiers politiques importants qu’il faudrait améliorer en 2007 ?
Il y a deux chantiers dominants : l’efficacité énergétique et le transport. Après avoir longtemps négligé l’éolien, le Québec accuse aujourd’hui un retard en géothermie. Hydro-Québec l’étudie depuis des années, mais il n’existe toujours pas de programme incitatif, comme c’est le cas au Manitoba par exemple.

Le développement des énergies renouvelables est sur la bonne voie. Il reste toutefois des ajustements à faire, notamment pour que les communautés locales aient un pouvoir décisionnel accru. Par exemple, c’est incroyable qu’Hydro-Québec ait alloué des permis à SkyPower avant même que cette entreprise ait conclu des ententes avec la MRC de Rivière-du-Loup. Si on veut véritablement créer un marché, les acteurs de la région devraient pouvoir s’organiser et faire une proposition, avec ou sans un partenaire privé ; suite à quoi les permis sont alloués en conséquence. Au lieu de ça, le fournisseur a été choisi sans la MRC. Il faut clarifier le pouvoir décisionnel des collectivités locales. Ce n’est pas au secteur privé de décider : il constitue un fournisseur de services qui doit faire affaire avec un pouvoir établi.

Concernant le deuxième dossier, le transport ?
C’est incroyable que le Québec – qui ne produit pas une goutte de pétrole — n’ait pas davantage misé sur les véhicules électriques. Il est normal que les États-Unis ou l’Alberta, qui ont des intérêts dans le pétrole, n’encouragent pas le développement de cette technologie. Ce n’est pas le cas du Québec : le pétrole constitue l’une de nos plus grandes importations ! Pourquoi y a-t-il des bus électriques à Reykjavik, et pas ici ? Il doit y avoir un effort d’électrification des transports et de développement des transports en commun.

Comment ce développement peut-il se faire ?
Je suis candidat à l’investiture dans le comté de La Prairie. 95% des gens y circulent en voiture. Certes, il y a des trains de banlieue, mais ils ne desservent pas toute la région et leurs horaires ne sont pas toujours adaptés. Or, on constate qu’il est toujours fastidieux d’investir dans les trains de banlieue alors que c’est très simple lorsqu’il s’agit de créer des autoroutes ! Il y a un problème de mentalité. En ce qui me concerne, je souhaite que le Parti Québécois prenne des engagements très précis en matière de transport en commun pour chaque ligne de métro, chaque train, chaque autobus, etc. Si nous ne faisons pas ce travail, tandis que les entreprises de construction, elles, font leur travail de lobby, les autobus viendront toujours après les nouvelles routes.

Mais ce n’est pas uniquement la faute aux décideurs ; les environnementalistes ont également leur part de responsabilité : ils doivent s’interroger sur quel transport en commun et à quel prix. Je respecte leur travail, mais je trouve qu’ils n’apportent pas assez de propositions concrètes. Il y a eu un gros travail de sensibilisation de l’opinion publique, nous avons maintenant, tous ensemble, la responsabilité de définir l’agenda politique. Les partis politiques ont la responsabilité de prendre les décisions, mais il est normal qu’on leur arrive avec des propositions précises. Je sais que les ressources sont parfois restreintes, mais la communauté des « pro-transports en commun » doit s’organiser davantage en matière de lobbying.

Le contrôle de la pollution vous apparaît également comme un dossier politique important.
On se fait arrêter si on roule à 130 km/h sur l’autoroute, mais on a une chance sur mille d’être inquiété si on déverse des produits toxiques dans le fleuve. Pourquoi dispose-t-on de ressources policières pour les routes, et pas pour l’environnement ? Un choix politique va devoir être fait en vue de réellement appliquer la réglementation environnementale. Il faut également arrêter de négocier avec les entreprises lorsqu’on leur donne des amendes : non seulement les entreprises ne les paient-elles pas toujours, mais en plus cela mobilise des fonctionnaires. Je suis analyste financier, il est important de mettre un prix à chaque problème : le minimum est que le non respect de la loi ait un réel coût pour l’entreprise.

Dans cette perspective, quelle devrait être l’approche des entreprises ?
Il faudrait qu’elles adoptent ce principe : utiliser la meilleure technologie et les moyens les plus efficaces possibles pour atteindre leurs objectifs. Il n’est pas acceptable de bâtir une usine avec des technologies qui ne soient pas les meilleures en matière d’émissions de polluants. Si ce n’est pas fréquent ici, ça l’est en revanche beaucoup dans les pays du Sud. Il est immoral que, pour des questions de rentabilité, une entreprise n’investisse pas dans la technologie tout en sachant que son système de production pose des problèmes de santé aux communautés locales. Cette notion devrait être comprise dans le droit international. Quand une entreprise canadienne cherche à ouvrir un site en Inde, il est important que ce site soit optimal sur le plan environnemental, même si la loi locale n’est pas très exigeante à cet effet. Les entreprises et les conseils d’administration doivent s’imposer ce devoir.

Qu’en est-il des villes ?
Il faut repenser le développement urbain : les municipalités exercent beaucoup de pression pour le dézonage agricole, ce qui mène à l’étalement urbain. C’est une erreur. L’étalement implique des investissements importants pour développer les services — égouts, etc. — dans ces nouveaux quartiers. Cet « urbanisme de centres d’achat » vide des centres-villes, pourtant dynamiques il y a 50 ans. Et la meilleure façon de densifier ces centres-villes est de développer les gares et d’utiliser les transports en commun comme levier structurant. C’est très intéressant économiquement puisque cela conduit à une augmentation considérable de la valeur des maisons, et par conséquent des taxes perçues par les villes. Les politiciens municipaux doivent avoir cette approche, à la fois bonne sur les plans environnemental et économique. Il s’agit non seulement de changer les mentalités, mais aussi de résister à la pression politique des promoteurs immobiliers, qui apportent souvent un soutien financier important lors des campagnes.

Et l’action citoyenne, comment peut-elle se concrétiser ?
Lorsque l’offre existe, il convient de faire le petit effort pour avoir une
consommation responsable. Cela porte ses fruits pour le café équitable par exemple. Lorsqu’il n’y a pas d’offre, il faut s’organiser pour en générer une. Dans le domaine de l’investissement responsable, si votre courtier vous dit ne rien connaitre aux fonds éthiques, changez de courtier ! Sinon, il ne s’intéressera jamais à ces produits. C’est valable pour les autres produits : le consommateur doit se faire respecter et changer de compagnie si celle-ci ne répond pas à ses exigences. Le consommateur doit être actif pour créer la demande.


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