Kirk Myers, directeur Responsabilité sociale de Recreational Equipement Inc. (REI), la plus importante coopérative américaine dans le secteur de la vente au détail de matériel de plein-air, nous entretient sur les pratiques durables qui contribuent au succès de l’entreprise. 

Les démarches environnementales et sociétales ont valu à REI de figurer, chaque année depuis 15 ans, parmi les 100 meilleurs employeurs selon le magazine Fortune. Avec plus de 3,5 millions de membres-consommateurs, l’entreprise se positionne à l’avant-garde tant sur la gestion de son empreinte carbone qu’à la gestion des déchets, en passant par l’écologisation de ses magasins et la prise en compte des impacts des produits tout au long de leur cycle de vie. Il sera à Montréal le 17 septembre prochain, dans le cadre de la conférence Momentum. 

Parlez-nous un peu de l’histoire de REI et des valeurs de l’entreprise. 
L’entreprise a été fondée par un groupe d’alpinistes qui n’arrivaient pas à trouver certaines pièces d’équipement de plein-air haut-de-gamme aux États-Unis, c’est ainsi qu’ils ont décider de partir ensemble une coopérative qui respecteraient leurs valeurs. Tous ces gens partageant le même respect pour la nature ont donc transmis leurs valeurs à REI, et c’est ce qui a donné de solides bases en termes d’intégrité, de respect de l’environnement, et ce désir de redonner à la communauté. Nos gens sont aussi  naturellement investis, puisque leurs passions dépendent littéralement de la nature.

Comment les actions de REI en responsabilité sociale ont-elles évolué au fil des années?
Nous travaillons sur plus de plans qu’avant, notamment à mobiliser nos employés et consommateurs à agir, par exemple en les encourageant à faire du bénévolat, comme pour faire des sentiers qui n’endommagent l’environnement. Il est d’autant plus important pour nous, œuvrant dans le milieu du plein air, et dans un contexte où les ressources naturelles deviennent de plus en plus rare, de voir et de saisir les opportunités de « recréer » et de préserver la nature, c’est ce qui assurera notre pérennité! 

Parlez-nous de votre travail au niveau des chaines d’approvisionnements, qui s’avère un aspect complexe dans le milieu du détail.
Comme le disait notre ancienne chef de la direction, Sally Jewell — ( Sally Jewell travaille maintenant aux côtés du président Barack Obama à titre de secrétaire intérieure du pays) — il est primordial de reconnaitre que nous, et ce type d’entreprise en général dans le milieu du détail, contrôlons peut-être 10% de nos impacts et qu’environ 90% de nos impacts sont en fait attribuables aux chaines d’approvisionnement et opérations plus externes, que ce soit l’énergie employée pour manufacturer nos produits ou le transport, il faut donc reconnaitre qu’il y a un travail énorme à faire de ce côté.

L’important est de savoir collaborer entre nous. Nous avons plusieurs amis dans ce milieu, que ce soit Patagonia, North Face et quelques grandes marques européennes, et avec qui nous partageons notre savoir et nos outils. Je dirais qu’une grande partie du travail réside là, dans le fait d’amener les gens à travailler ensemble pour mieux s’attaquer aux enjeux du développement durable associés à l’approvisionnement. d’autant plus que nos chaines s’entrecroisent bien souvent. Nous avons aussi un outil de référence commun, qui nous aide à mobiliser notre industrie et nous dépasser: l’Eco-Index ou le Higg Index géré par le Sustainable Apparel Coalition, qui rassemble une centaine de marques de vêtements et détaillants, des fournisseurs, des OSBL et ONG, travaillant ensemble à réduire les impacts environnementaux et sociaux des vêtements et chaussures produits à travers le monde. 

Croyez-vous que ce soit un modèle applicable à d’autres types d’entreprises?
C’est vrai que pour nous, il est naturel de travailler ensemble puisque nous partageons les mêmes passions, après tout nous skions et escaladons les mêmes montagnes! Cela dit, je crois que l’essence même de ce type de collaboration est un élément clé du développement durable. Avant, chacun faisait des efforts de son côté et mesurait ses efforts selon ses standards, mais en tant que détaillant, avec plusieurs marques en magasin, il fallait trouver une façon commune de calculer ces impacts car 50 marques avec 50 manières de calculer et de communiquer engendrent non seulement de la confusion chez le consommateur, mais aussi dans la chaine d’approvisionnement. C’est pourquoi notre industrie s’est mise d’accord pour ne pas être entrer en compétition lorsqu’il s’agit de mesurer l’impact environnemental, et d’être compétitif seulement sur comment chacun performe face à cette mesure.-

Comment vos efforts en responsabilité sociale et en DD sont perçus par vos consommateurs?
Il faut avouer que le fait de vendre des produits de plein air nous donne une sorte d' »aura » verte. Notre rôle en tant qu’entreprise est toutefois d’attribuer des actions concrètes à cette image, et de montrer que c’est possible pour une entreprise d’être responsable tant au plan environnemental qu’économique. C’est ce que nous voulons inspirer aux entreprises, mais aussi aux consommateurs. Nous essayons notamment d’impliquer nos consommateurs dans des activités auxquelles ils peuvent participer ou qu’ils peuvent eux-même entreprendre, afin qu’ils deviennent eux aussi des acteurs de changements. Il faut veiller à un engagement multiple, avec toutes nos parties prenantes.

Quel sera le prochain enjeu en développement durable pour les entreprises?
Je crois que ça dépend en partie de l’industrie, mais je crois que les changements démographiques constituent un enjeu majeur, notamment la façon dont l’on connecte et surtout partage. Je crois qu’il y aura des opportunités à saisir de ce côté. Dans notre cas, il s’agira de comprendre comment les gens partage notre équipement, et bien sûr, à un niveau plus global, optimiser le partage des ressources, à la base de ces changements…

Kirk Myers sera un des conférenciers invités à Momentum, pour vous procurer un billet pour la journée sur les nouveaux modèles d’affaires éco-innovants, cliquez ici.