Alors que les déboires financiers de Kanye West défraient la chronique, un publicitaire propose d’aider les Kenyans dans le besoin plutôt que le rappeur américain. Échanges avec ce jeune créatif, également grand fan du rappeur.
La semaine dernière, une série de tweets de Kanye West réclamant de l’aide pour éponger sa dette de 53 millions$ avait déchaîné les médias sociaux: entre propos injurieux, appels au boycott ou même pétition contre l’artiste, la polémique a grossi de jour en jour. Gabriel Ferrer, un jeune publicitaire de Miami, à quant à lui choisi l’ironie en réaction aux déclarations du rappeur de Chicago, en lançant une campagne en ligne: Help Kenya not Kanye. « Je me suis réveillé jeudi dernier avec cette idée et je l’ai fini le soir même, je voulais faire cela tout seul, indépendamment de mon agence afin de rester pertinent », nous explique le concepteur-rédacteur d’Alma, une agence américaine. « Le continent africain a toujours eu une place spéciale dans mon cœur. Ma femme et moi avions toujours voulu y voyager. J’ai choisi le Kenya en particulier car il y avait un très bon jeu de mot à faire mais à la fois parce que je voulais aider cette population qui est vraiment dans le besoin. Étant une personne créative, j’avais la capacité de faire ça, alors pourquoi pas ? »
 

 
Le publicitaire utilise l’ironie certes, mais en la liant à des causes humanitaires. Ainsi il a décidé de comparer des éléments de la vie financière de Kanye West à la réalité de millions de Kenyans. Gabriel Ferrer compare par exemple le prix des « Yeezus boosts » – ces chaussures issues d’une collaboration entre l’artiste et Adidas – à celui de livres scolaires, celui d’un pull de sa marque qui pourrait nourrir plus d’une centaine de Kenyans ou encore le prix d’un de ses albums à celui de kits pour détecter le HIV. Chaque fois il redirige l’utilisateur vers des ONG comme Kenya Aid, Save The Children, Unicef, One Child village et African Wildlife Foundation auxquelles il est bien sûr possible de faire un don.
« La plupart des réactions ont été extrêmement positives de la part des ONG même si j’ai reçu des messages agressifs me disant que je dévalorisais les Kenyans. Je pense que ça valait plus le coup que de rester passif. Comme dit Kanye West: je sais que tout le monde va parler en bien ou en mal de mon projet; je serais bien plus préoccupé si personne ne disait rien. »
 

 
Avec des frontières avec l’Éthiopie, le Soudan, la Somalie, l’Ouganda et la Tanzanie, le Kenya a une population de plus de 40 millions d’habitants. Très connu pour son industrie touristique, le Kenya se bat aujourd’hui avec une extrême pauvreté et un faible accès à l’eau potable dans certaines régions rurales. D’après l’organisme Kenya Aid, plus de 50% de la population vit sous le seuil de pauvreté, et 40% vit avec moins de 2$ par jour. L’espérance de vie est de 59 ans en partie dû aux ravages du HIV, avec un taux de mortalité infantile de 6,3% comparé à 0.10% en Australie. « Je pense que c’est le rôle du monde de la publicité de diffuser ce genre de message. Il ne s’agit pas de vendre uniquement du savon ou de la bière. Nous avons le pouvoir de rendre n’importe quel sujet populaire et nous nous devons d’utiliser ce pouvoir pour promouvoir des causes humanitaires. Ce n’est pas juste le fait de véhiculer une idée mais plutôt d’influencer positivement le monde. J’espère qu’avec ce projet les gens réaliseront qu’il y a des causes vraiment importantes à défendre et qu’ils donneront davantage aux pays dans le besoin. J’espère également que Kanye West tombe sur cette campagne et réalise qu’il y a plus important que sa propre vie. J’apprécie l’oeuvre de Kanye depuis ses débuts et un projet comme celui-ci me permet d’assumer mon côté fan !»