Grand Costumier : Vers un nouveau modèle de financement des organismes?
Par Marie Allimann | 16 octobre 2017 |
Entrevue
L’émission d’obligations communautaires a permis au Grand Costumier d’offrir à sa communauté un outil original d’investissement à impact. Retour sur cette expérience avec Marie Houde, directrice générale, à l’occasion de la Rencontre Novae qui se tiendra au Grand Costumier le 24 novembre prochain.
Rappelons que le Grand Costumier est né en 2015 de la mobilisation et de la concertation de plusieurs milieux de soutien après la fermeture du costumier de Radio-Canada. Cet organisme communautaire se charge de préserver la collection de costumes, véritable patrimoine culturel, tout en assurant leur accessibilité au milieu culturel. Sa campagne d’émission d’obligations communautaires menée d’octobre à décembre 2016 sous l’égide d’un projet pilote du TIESS (Territoires Innovants en Économie Sociale) lui a permis de compléter son montage financier.
Rappelez-nous en quoi consiste une obligation communautaire.
C’est un mode innovant de financement pour les OBNL. C’est une façon de mobiliser le public via l’investissement plutôt que par les dons. Elle permet à l’investisseur d’acquérir une créance dont la valeur nominale, le taux d’intérêt et l’échéance sont préalablement déterminés.
Photo: Philippe Latour
Que visait votre campagne et comment s’est-elle déroulée ?
Notre objectif était de réunir 20 000 $ pour la restauration des costumes. L’émission portait sur 20 obligations de 1000 $ chacune, d’un taux d’intérêt de 2% annuel cumulatif sur une période de 5 ans. L’objectif étant limité, la gestion de la campagne et son suivi demeuraient simples. Mais l’établissement préalable des paramètres de cet outil de financement est un processus long et complexe. L’obligation communautaire est une dette pour un OBNL, il faut donc s’assurer de pouvoir rembourser ce passif en plus des intérêts au bout de 5 ans.
Nous avons opté pour une campagne silencieuse, en contactant directement des personnes ciblées dans notre réseau. Des articles de presse ont aussi attiré des investisseurs issu du grand public. La campagne a été un succès. La demande d’obligations communautaires était plus grande que l’offre. Nous étions dans un contexte favorable où nous bénéficions de la sympathie du public dans la foulée du démarrage du Grand Costumier.
Quels points positifs ressortent de votre expérience ?
L’émission d’obligations communautaires crée un résultat durable en apportant un indicateur sur la bonne santé financière d’un OBNL. La campagne a permis d’élargir notre réseau au milieu d’affaires. Nous constatons que la présence des souscripteurs nous motive pour obtenir des résultats concrets et nous développer; c’est sain pour notre organisme. Le plus grand avantage est de mettre en valeur une communauté de soutien en créant une relation de proximité avec ceux qui nous soutiennent. Le temps investi dans le suivi et l’entretien des relations est plus long que pour une campagne de dons, mais au final, c’est porteur. L’expérience est donc positive et il est important pour nous de participer au transfert de nos connaissances auprès d’OBNL intéressés.
Photo: Philippe Latour
Comptez-vous lancer une deuxième campagne ?
Nous y travaillons. Nous sommes une petite structure, nous cherchons la formule la plus simple à gérer. L’idée exploratoire est d’émettre 20 à 30 obligations à 1000 $ chacune pour la restauration des costumes. La nouveauté serait la possibilité d’avoir une campagne continue où, par exemple, nous offririons des émissions chaque 1er du mois.
La Rencontre Novae du 24 novembre permettra à la fois de comprendre en détails la façon dont le Grand Costumier a mené sa campagne d’obligations communautaires et de visiter ce patrimoine culturel. Pour s’inscrire, cliquer ici.
Crédit photo de Une: Sylviane Robini