Faire de l'innovation sociale un véritable jeu
Par Marie Allimann | 19 septembre 2017 |
Sensibilisation
Reprenant les codes des jeux de plateaux, les Jeux Wasa aident les joueurs – citoyens ou professionnels – à rendre leurs habitudes quotidiennes plus durables.
Jeux Wasa est un organisme à non but lucratif qui a vu le jour au cours de l’année 2016. Fondé par Julie Tremblay et Alban Pilard, l’organisation s’est donnée la mission d’outiller les adultes et les enfants aux pratiques durables. Son premier jeu de plateau, nommé « Quartier durable », prend la forme d’un quartier en particulier (par exemple Villeray, à Montréal) et permet d’échanger sur différents sujets comme les transports, la gestion de l’énergie ou la revalorisation des déchets. Fait intéressant, il n’y a pas de notion d’argent dans le jeu mais une notion de temps: chaque joueur dispose d’un nombre de tours limité, ce qui permet de circonscrire une partie à l’intérieur d’une durée de 45 minutes à une heure et de s’assurer que les échanges entre les joueurs soient les plus pertinents.
« L’idée est vraiment que les joueurs se rendent compte des actions prioritaires à effectuer dans un territoire donné, ce sont de véritables recommandations pour avoir des pratiques de vie plus durables, explique Alban Pilard. L’objectif est que les gens partagent des connaissances, des opinions, et prennent conscience de leurs milieux de vie et de leurs habitudes pour voir ce qu’ils peuvent changer au quotidien afin d’avoir un impact durable dans leur communauté. »
Les Jeux Wasa invitent les joueurs à réfléchir à leurs habitudes quotidiennes pour les rendre plus durables
Ainsi, les Jeux Wasa utilisent la gamification, ou apprentissage par le jeu, pour aller à la base des problèmes socio-environnementaux qui sont, selon les cofondateurs, liés au manque d’éducation et de sensibilisation. « Nous avons commencé avec un public-cible d’enfants, mais nous nous sommes vite rendus compte que les jeux intéressaient également les parents. Nous avons testé nos jeux dans des parcs de Montréal l’année dernière et la plupart du temps ce sont les enfants qui commençaient à jouer, puis après quelques minutes, les parents prenaient les commandes! », raconte Alband Pilard.
C’est ainsi que la jeune entreprise a eu l’idée d’utiliser ses jeux dans des ateliers au sein d’entreprises, comme elle l’a fait auprès de Yves Rocher Québec et Ecocert Canada notamment. « L’objectif est d’apprendre aux employés à avoir des pratiques plus durables. C’est un mélange entre le team building et la formation en développement durable.» Une approche auprès des entreprises qui aide aussi Jeux Wasa à répondre à sa mission sociale qui est d’outiller les enfants afin de les amener à adopter des pratiques durables dès le plus jeune âge. « Nous avons un modèle d’affaires qui repose sur nos ateliers en entreprises, indique Julie Tremblay. Nous nous sommes inspirés du « one for one » de TOMS : pour un atelier donné en entreprise, on s’engage à en donner un gratuitement dans une école. Les jeux sont les mêmes, c’est juste le discours et l’approche que nous adaptons suivant nos interlocuteurs. »
Une partie de l’équipe des Jeux Wasa (Julie Tremblay au centre) lors de la remise de leur médaille d’or aux Jeux de la Francophonie en juillet dernier
Pour animer ces ateliers dans les entreprises et les écoles, l’équipe de Jeux Wasa se déplace avec un « vélo-laboratoire » muni d’un panneau solaire, d’une mini-éolienne et d’un récupérateur de pluie. « Cela nous permet notamment d’illustrer comment fonctionne les énergies renouvelables; il y a un côté très ludique. D’un point de vue plus pratique, l’éolienne nous permet entre autres d’alimenter les lumières LED installées sur le vélo », affirme Alban Pilard.
Un concept qui pourrait dépasser les frontières puisque les Jeux Wasa ont remporté une médaille d’or lors des derniers Jeux de la francophonie tenus cet été. « Cette récompense vient valider le potentiel de Jeux Wasa à l’international, ça nous a confirmé que notre idée pouvait exister ailleurs dans le monde et pas seulement au Québec. Cela nous encourage à mettre en vente le jeu « Quartier durable » dès le début de 2018 et de dévoiler très prochainement un nouveau jeu consacré à la thématique de l’obsolescence. Notre objectif est de bien nous ancrer au Québec ; ensuite nous pourrons penser à exporter nos jeux ailleurs dans la francophonie », conclut Julie Tremblay.