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Des photos de la Nasa utilisées pour la première fois par des Québécois

Par André-Anne Cadieux | 8 octobre 2015 | Recherche

Un groupe de recherche de Sherbrooke, spécialisé en pollution lumineuse, a utilisé pour la premières fois à des fins scientifiques des photos de la Terre prises de l’espace par des astronautes.
Jusqu’au mois d’août dernier, les centaines de milliers de clichés couleurs disponibles dans la banque d’imagesGateway to Astronaut photography of Earth de la NASA, n’avaient pas d’autres utilités que de donner accès à de belles images au grand public. En initiant le projet Cities at Night il y a environ trois ans, le groupe de recherche du Cégep de Sherbrooke, en collaboration avec la Universidad Complutense de Madrid, avait pour objectif de répertorier les photos nocturnes de plusieurs villes du monde pour un usage scientifique.
Le projet Cities at Night a donc été lancé à l’échelle planétaire afin de solliciter la participation citoyenne pour identifier plus de 130000 photos nocturnes de villes — dont certaines prises par l’astronaute canadien Chris Hadfield lors de sa récente mission. Quelque 17000 citoyens ont contribué à la démarche.
« La couleur de la lumière est un enjeu important quand on parle de pollution lumineuse. La couleur, par exemple blanche, bleue ou ambrée, a un impact sur l’environnement et la santé humaine. Ces photos prises par les astronautes sont les seules images couleurs que l’on a depuis l’espace — les satellites ne captant pas la couleur. C’est pourquoi elles peuvent fournir des données intéressantes pour nos projets de recherches« , explique Martin Aubé, chercheur au département de physique du Cégep de Sherbrooke.
Grâce à la couleur de la lumière, le groupe de recherche a pu pousser plus loin ses recherches débutées en 2013 et établir des indices d’impacts potentiels sur la suppression de la mélatonine (aussi appelée l’hormone du sommeil, inhibée en présence de lumière), la vision nocturne chez l’humain et la photosynthèse des végétaux.
Alors que la Ville de Montréal a annoncé récemment des investissements importants pour convertir tous ses lampadaires à la lumière DEL blanche (présentement la ville est éclairée par des luminaires au sodium émettant une lumière jaune), le groupe de recherche s’est penché sur les impacts potentiels de cette transition sur la suppression de mélatonine sur la population. Les résultats des simulations effectuées à partir des photos indiquent que l’impact de la lumière blanche serait 2,5 fois plus important, pouvant ainsi affecter la santé humaine.
« Cette transition vers les DEL blanches est une tendance de plus en plus observée dans les villes du mondeindique Martin Aubé. Bien qu’elle comporte des avantages comme le contrôle à distance de l’éclairage urbain, on peut s’attendre à des conséquences importantes sur la santé et l’environnement. La Ville de Milan a déjà effectué ce changement et les photos de la NASA permettent d’observer l’intensité lumineuse avant et après l’adoption des DEL blanches. Nous aimerions sensibiliser les villes à adopter des règlements comme l’a fait Sherbrooke pour interdire la lumière blanche et plutôt opter pour des DEL ambrée. »
Les nouvelles cartes nocturnes réalisées à partir des photos de la Nasa pourront également être utiles dans le cadre de recherches en santé publique, afin de corréler la pollution lumineuse avec certaines maladies, par exemple le cancer du sein.
Une campagne de socio financement est actuellement en cours afin de poursuivre l’analyse des photos.

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