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Bell et la récupération des cellulaires

Par André-Anne Cadieux | 1 février 2007 | Entrevue

Benoit Sicotte, chef divisionnaire-adjoint chez Bell Canada, nous explique la position de l’entreprise en matière de récupération des téléphones cellulaires. Il réagit à la diffusion, il y a quelques jours, d’une lettre ouverte invitant les détaillants à faciliter la récupération et le recyclage des matériels électroniques usagés (lire l’article). Il souligne en effet que depuis 2003, Bell dispose de son programme Recycler, réutiliser, recomposer, par lequel l’entreprise récupère les téléphones cellulaires usagés, quelque soit leur marque.

Comment fonctionne ce programme ?
Lorsque vient le moment de se départir de son téléphone cellulaire, le consommateur a deux possibilités. La première est de ramener son téléphone dans un Espace Bell ; la seconde est d’utiliser le site Bell.ca et d’y imprimer une étiquette « prépayée » pour nous envoyer son téléphone – et les accessoires — par la poste.
Tout ce qu’on reçoit est centralisé à nos installations de Mississauga : on y effectue un premier tri en fonction du modèle et des fonctionnalités de l’appareil ; on vérifie également ceux qui fonctionnent. De là, les téléphones sont envoyés soit au recyclage, soit à la réutilisation.
Nous avons plusieurs partenaires spécialisés dans le recyclage des différents composants : batteries, métaux lourds, plastiques, etc. Lorsque le téléphone est ainsi recyclé, seuls 6% de son poids aboutit dans un site d’enfouissement. Quant à la réutilisation, il s’agit d’une remise en marché des cellulaires, notamment vers divers pays en voie de développement.

Quelles parts représentent ces deux circuits ?
Aujourd’hui, 58% des cellulaires que nous récupérons sont recyclés, contre 42% qui sont remis en marché secondaire. Nous voulons augmenter cette deuxième filière. Pour cela, nous nous efforçons de récupérer les téléphones le plus rapidement possible car lorsque les consommateurs attendent trop avant de s’en débarrasser, les technologies sont souvent trop vieilles pour être redéployées. Nous faisons notamment face à des défis de communication en vue d’inciter les consommateurs à ramener leur téléphone.

Pourquoi favoriser la réutilisation ? L’envoi de nos vieux appareils dans les pays en développement n’est pas toujours bien vu…
Nous faisons partie d’un groupe de travail, la Mobile Phone Partnership Initiative. Il s’agit d’une initiative du secrétariat de la convention de Bâle [ndlr : traité visant à réduire la circulation des déchets dangereux entre les pays, notamment des pays développés vers les pays en développement], qui regroupe des manufacturiers et des opérateurs. Ces travaux nous ont confirmé que la réutilisation est l’une des premières avenues à privilégier. Non seulement permet-elle de combattre l’obsolescence rapide des produits, mais cela permet de rendre disponible des services de téléphonie à des personnes et des régions qui, sans la récupération, n’y auraient pas nécessairement accès.
Une préoccupation demeure pour l’industrie : nous devons nous assurer que les téléphones ne sont pas exportés pour les mauvaises raisons. Nous menons d’ailleurs des projets pilotes, notamment au Sénégal et en Roumanie, pour mettre en place des programmes de récupération dans les pays en voie de développement et les aider à réparer eux-mêmes les téléphones en panne. L’objectif est de leur permettre de disposer des appareils en fin de vie de façon respectueuse de l’environnement. On ne peut bien sûr pas prétendre assurer le suivi des téléphones mis en marché secondaire. Mais nous essayons de nous impliquer, et ce même si nous ne sommes pas présents sur ces marchés.

Ce marché secondaire constitue-t-il une source de revenus pour Bell ?
Absolument pas ; tous les revenus sont reversés à des oeuvres caritatives. Notre préoccupation vient plutôt des problèmes que posent les sites d’enfouissement. Or, tout ce qui favorise la réutilisation peut être positif. Il faut bien sûr le faire de façon intelligente et prudente. Mais la nature humaine est ce qu’elle est : le marché du cellulaire est là pour rester, et si l’on ne récupère pas les téléphones, il va s’en produire et s’en consommer plus. 
Nous réduisons le nombre de cellulaires qui aboutissent dans nos sites d’enfouissement, tout en aidant des gens en augmentant la durée de vie de ces appareils : nous sommes donc gagnants sur toute la ligne. Même dans le cas où les infrastructures de récupération ne sont pas encore en place dans ces pays, le bilan net est positif si on le compare à l’inertie.

Quelle serait la prochaine étape pour améliorer l’empreinte écologique de l’industrie de la téléphonie ?
Le prochain pas se situe sur le plan du design : il y a des gains importants à faire au niveau de la conception. Aujourd’hui, il y a différents types de plastiques, de batteries, de chargeurs, etc. Une harmonisation de toutes les composantes faciliterait grandement la réutilisation.
Le plus grand pas serait bien sûr de freiner l’obsolescence rapide des appareils. Mais aujourd’hui, le téléphone devient un lecteur MP3, un lecteur vidéo, un jouet, une caméra, etc. Lutter efficacement contre cette obsolescence équivaudrait à aller contre le progrès.
En ce qui nous concerne, l’objectif est de créer de nouveaux réflexes chez le consommateur et de rendre naturel le geste de rapporter son cellulaire, de la même façon qu’on rapporte ses bouteilles vides.


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