Bea Johnson, l’auteure du livre Zéro Déchet, était de passage au Québec cette semaine, pour donner une série de conférences sur sa philosophie. L’auteure d’origine française et sa famille vivent depuis 2008 sans produire de déchet. Rencontre et discussion sur sa démarche et sur la place des entreprises dans la quête du « zéro déchet ».

Votre livre et votre blogue ciblent davantage les habitudes de consommation individuelles. Quelle est la place des entreprises dans une approche zéro déchet?

Les entreprises peuvent s’avérer de très bons outils de mobilisation de leurs employés, et de leur clientèle. Par exemple, l’entreprise Adobe, dans le cadre du Earth Month, organise plusieurs activités de sensibilisation destinées aux employés. À cette occasion, j’y ai donné une conférence sur le zéro déchet, la voiture électrique Leaf de Nissan, ainsi que des panneaux solaires étaient en démonstration et des ateliers sur le jardinage de végétaux comestibles étaient présentés. À une autre échelle, la Ville de Roubaix en France désire devenir zéro déchet. Elle lance régulièrement des défis zéro déchet aux citoyens et aux commerçants. Les entreprises et les villes ont un grand potentiel en tant que moteurs de changement.

J’ai également participé aux réflexions de diverses entreprises désirant développer une offre plus adaptée à un mode de vie zéro déchet (notamment des secteurs de l’ameublement, de l’agroalimentaire). J’ai pu apporter des conseils d’un point de vue consommateur, concernant notamment la réduction des emballages, le choix des matériaux utilisés dans la conception (privilégier au plastique les matières comme le bois, le verre et les métaux qui se recyclent plusieurs fois). 

Une entreprise coup de cœur ou un concept à développer que vous avez découvert dans votre démarche?

Récemment, j’ai rencontré un entrepreneur français dont la mission est de ramener la consigne sur le marché, en proposant un tas de produits dans des contenants consignés. Son entreprise se nomme Jean Bouteille et équipe les épiceries de distributeurs à huiles, vins et vinaigres. Il offre également le service de collecte des bouteilles vides et les remplacent en magasin par des propres. C’est un modèle d’affaires qui cadre parfaitement avec la tendance du vrac qui se développe en ce moment !

Une autre initiative que j’ai trouvée géniale provient d’une épicerie au Brésil. Le détaillant met un code QR pour fournir de l’information sur la provenance des fruits et légumes, comme le nom du producteur et de la ferme. Je me suis d’ailleurs inspiré de ce commerçant pour conseiller une entrepreneure. L’idée était d’utiliser le code QR pour expliquer comment cuisiner certains produits en vrac- comme des graines ou légumineuses dont l’usage n’est pas évident les premières fois- et les relier à des recettes.

Quelles sont vos prévisions en termes de tendances zéro déchet?

Le vrac… et les bocaux ! Je les vois partout maintenant. Quand j’ai commencé mes démarches pour que mon foyer devienne zéro déchet, les bocaux étaient beaucoup plus difficiles à trouver qu’à présent. En Europe, les nouveaux magasins qui offrent des produits en vrac se multiplient rapidement. Toutes les semaines, des entrepreneurs me contactent pour m’annoncer qu’ils comptent ouvrir une boutique de produits en vrac. Par ailleurs, de plus en plus de grandes entreprises suivent le mouvement zéro déchet. On m’a déjà dit lors d’une conférence: « Au Texas, tu ne pourrais jamais adopter le zéro déchet. » Mais, c’est faux. Une des plus grosses chaînes de supermarchés du Texas, H-E-B, s’y est mise. Après avoir constaté l’augmentation de la demande pour le vrac et la popularité pour le détaillant d’aliments bio Whole Foods, H-E-B propose maintenant une section en vrac, ce qui lui permet de rejoindre une nouvelle clientèle.