Expliquez-nous en quoi consiste votre rôle. Chez Ellio, j’ai la chance de travailler avec des équipes de tous types d’organisations (grandes entreprises, PME, associations professionnelles, municipalités, etc.) et de les aider à intégrer les principes de développement durable dans tous les aspects de stratégie et de leurs opérations.

Je suis aussi associée au BNQ21000, ce qui m’amène à participer à des projets pilotes et à développer l’approche avec plusieurs associations professionnelles. Au quotidien, cela implique par exemple de travailler avec des comités de direction et d’employés, de les amener à réfléchir différemment, de leur apporter des éclairages nouveaux et des idées, pour élaborer leurs stratégies et leurs plans d’actions de développement durable.

Qu’est-ce que vous aimez particulièrement dans votre métier? 
De loin, le fait de travailler avec des personnes, des équipes, que ce soit en ateliers collectifs ou individuellement, pour les aider à cheminer. Les échanges créent la richesse de ce travail. C’est incroyable la créativité à laquelle on arrive en faisant participer les gens. C’est vrai aussi dans mes activités bénévoles, avec Cataléthique et l’APRODD. 

Quel est votre défi de tous les jours? 
Ils sont multiples ! L’un d’eux est de ne pas me laisser emporter par mes convictions. Tout le monde n’a pas les mêmes expériences, le même intérêt ou les mêmes convictions en matière de développement durable, pour des tas de raisons. Certaines priorités qui me paraissent évidentes dans une entreprise ne le sont pas forcément pour certains participants. J’ai beaucoup essayé de les convaincre, mais c’est inefficace. Il faut les aider à trouver eux-mêmes leurs réponses, en écoutant, questionnant et en les laissant échanger avec leurs collègues. On s’aperçoit souvent que les valeurs ne sont pas si éloignées, c’est plus sur la façon de faire que les différences existent. Il y a toujours une ouverture qui va permettre de les rallier, mais il faut la trouver, et ça c’est un défi.

Quel a été votre parcours pour arriver ici? 
J’ai fait des études généralistes, en administration des affaires en France, puis un MBA à McGill. Les Ressources humaines m’attiraient depuis le début. J’ai travaillé entre autres six ans chez L’Oréal en Europe. Une belle école sur les questions sociales, environnementales et économiques, avant même que l’on parle de développement durable. J’ai ensuite commencé bénévolement ma reconversion. Lorsque je me suis installée à Montréal (la 2e fois !) en 2004, on parlait très peu de développement durable. Peu à peu, j’ai réussi à créer un réseau et intégrer Optim Ressources, qui commençait à se consacrer à ce sujet.

Qu’est-ce que ça « prend » pour exercer cette profession?
De l’écoute, des idées, un sincère intérêt pour les autres, une capacité à voir les choses de façon systémique pour comprendre les liens entre les enjeux et les bénéfices croisés qui peuvent enrichir les décisions de nos clients, de l’énergie car il y a tant à faire et tant d’information à intégrer, et beaucoup de patience car les changements sont lents.

Quel serait votre message à la relève? Soyez patients et déterminés. Il n’y a pas assez de postes dédiés au DD (développement durable) pour le nombre de personnes qui aimeraient en occuper. Mais c’est très important d’avoir des gens sensibilisés et formés au DD dans les différents métiers des organisations : achats, RH, opérations, finance, communication, etc. Ce sont eux qui vont aider à transformer les entreprises de l’intérieur. Alors positionnez-vous à l’interne, amenez des questions de responsabilité sociale et environnementale à vos directions, vos équipes, démarrez ou impliquez-vous dans un comité. C’est comme cela que beaucoup d’entre nous ont commencé. Et venez aux événements sur le DD pour vous ressourcer, partager vos expériences et bâtir votre réseau.