Déployer la pensée cycle de vie pour innover
Alors que se tenait début novembre en France un congrès sur la pensée cycle de vie, organisé par le cd2e, Novae fait le point sur l’état de cette pratique et des démarches d’écoconception qui y ont été abordées.
Constat était fait que la pensée cycle de vie gagne du terrain au sein des organisations. Une tendance susceptible d’aller plus vite au cours des prochaines années. “Plus les entreprises adopteront la pensée cycle de vie et l’étiquetage environnemental, plus ces démarches seront accessibles, par effet d’économie d’échelle, a ainsi souligné Jean-Paul Ventere, responsable, Produits et consommation responsable au Ministère français du développement durable. Et tant mieux, car nous sommes dans un monde saturé, les consommateurs feront de plus en plus de choix. Certaines entreprises ne survivront pas. Les arguments environnementaux pourront faire la différence.”
“La pensée cycle de vie n’est pas tant motivée par des baisses de coûts pour les entreprises, mais davantage par une question de stratégie et d’image de marque, car cela aide les consommateurs à faire des choix”, ajoute Hugo Maria Schally, chef d’unité éco-conception et économie circulaire à la Commission européenne.
Néanmoins, la mise en oeuvre de telles démarches, qui visent à dresser un portrait complet des impacts environnementaux – et sociaux – d’un produit comporte encore bien des défis pour les entreprises. “Nous passons le plus clair de notre temps à motiver et expliquer ces démarches, plutôt qu’à créer des outils d’analyse à proprement parler”, indique Jean-Paul Ventere. Une difficulté que confirme Alexandre Obert, directeur des ventes du Relais, un réseau d’entreprises sociales. Le Relais a utilisé la pensée cycle de vie dans le cadre de la conception d’un isolant thermique et acoustique pour le bâtiment, produit à partir de vieux vêtements revalorisés. “Les entreprises ont besoin d’une ‘grille de traduction’ pour rendre l’analyse de cycle de vie (ACV) plus facilement intelligible et applicable par les différentes équipes. L’ACV ne doit pas être une contrainte administrative, elle doit être utile, et même ludique !”
La communication, talon d’Achille de l’ACV ? Élément crucial en tout cas. Chez Nuxe, marque de produits cosmétiques naturels, l’ACV a conduit l’entreprise à revoir son emballage, pointé comme l’aspect le plus impactant de l’une de ses crèmes de soin. La nouvelle mouture écoconçue affichait notamment un gain de poids de plus de 60% par rapport à la version précédente. “L’emballage étant plus léger, certaines clientes se sentaient lésées, pensant qu’elles avait moins de produits qu’avant pour le même prix”, dit Anne-Sophie de Couville, coordonnatrice, assurance qualité.
Une démarche qui stimule toutefois l’innovation, comme ce fut le cas chez l’entreprise de mode Happychic. Après un premier bilan carbone en 2009, le groupe a amorcé une démarche visant à récupérer les vêtements usagés auprès de ses clients, et à les réintroduire dans un processus commercial. Après un premier chandail mis sur le marché en 2012 et qui n’a pas connu le succès escompté, l’entreprise a lancé au printemps 2014 sa première veste recyclée, début de la ligne “écoresponsable” Gentle Factory. “Outre les caractéristiques très innovantes sur le plan du processus, de la collecte des vieux vêtements en magasins au filage du coton récupéré, il nous fallait assurer un design et une finition irréprochables pour que le consommateur embarque!”, dit Christelle Merter, directrice de la Gentle Factory.
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