Pour la première fois le polystyrène pourra être recyclé et ce des centaines de fois, grâce à la technologie de l’entreprise québécoise
Polystyvert.
Jusqu’à tout récemment, aucune méthode n’était assez efficace ni rentable pour recycler le polystyrène, un matériau trop volumineux et coûteux à transporter. Après quatre années de recherche, le procédé de Polystyvert a maintenant fait ses preuves et l’entreprise pourra bientôt recycler tout le polystyrène du Québec.
Grâce à un concentrateur, un équipement installé directement chez les clients, le polystyrène est dissous en quelques secondes dans une huile essentielle. Une fois arrivé à saturation, le mélange est transporté à l’usine pour récupérer le polystyrène et le transformer en petites granules (pellets en anglais). C’est ainsi que 94% du volume est sauvé, ce qui réduit significativement les coûts de transports, le frein majeur au recyclage de la matière. L’huile est quant à elle réutilisée pour d’autres dissolutions; il n’y a ainsi aucune perte générée par le processus de récupération.
« Avec ce procédé, la réelle difficulté est de séparer l’huile essentielle du polystyrène. Nous sommes les seuls au monde à avoir développé une technologie qui réussit et qui permet d’obtenir un polystyrène recyclé de très haute qualité », souligne Solenne Brouard Gaillot, présidente et fondatrice de Polystyvert.
La qualité de la matière recyclée était en effet l’autre principal défi. La méthode de Polystyvert permet de recycler la matière 400 fois avant d’altérer la qualité. Un avantage qui aura un impact environnemental majeur quand on sait qu’au Québec 60000 tonnes de polystyrène sont enfouies chaque année et que 4 millions de tonnes de matières neuves sont achetées annuellement en Amérique du Nord.
« Le polystyrène sert à de multiples usages et applications industrielles, notamment l’isolation des murs en construction, l’emballage, le transport. Ce n’est donc pas difficile de trouver des clients pour acheter la matière recyclée. Si la qualité est là, il y a un intérêt. Cascades, notamment, nous soutient activement dans le projet et souhaite acheter le produit. Le polystyrène recyclée peut se vendre 10% moins cher que le neuf », explique Solenne Brouard Gaillot.
Plusieurs entreprises se sont montrées très réceptives à cette nouvelle technologie en raison des économies qu’elle peut leur apporter pour se débarrasser du polystyrène, notamment des poissonneries, magasins de meubles, d’appareils électroniques et des entreprises de l’industrie pharmaceutique. La location mensuelle du concentrateur est de 300$ et les coûts de ramassage du liquide de polystyrène dissous est d’environ 100$.
« Cela représente des économies en moyenne de 50%. Un de nos clients, qui produit énormément de polystyrène, a même réussi à diminuer ses coûts de 80% », indique la fondatrice de la PME.
Les activités de l’usine pilote ont débuté en janvier 2015 et d’ici avril 2016, les installations de Polystyvert devraient desservir l’ensemble du Québec. La PME compte installer 200 concentrateurs à travers la province au cours de l’année prochaine et avoir rentabilisé ses investissements en 2017. À l’automne, Polystyvert a été sélectionnée pour faire partie de la plus récente cohorte de l’accélérateur d’entreprises en technologies vertes Écofuel.
D’ici quelques années, le procédé de Polystyvert devrait gagner le marché de l’Ontario et des pourparlers sont déjà en cours avec des groupes majeurs américains et européens en gestion des matières résiduelles.
Cet article est présenté par Gaz Métro.