Rencontre avec Audrey-Anne Trudel, l’une des bénévoles activement impliquées dans La Remise, la première bibliothèque d’outils au Québec qui a ouvert ses portes la semaine dernière dans le quartier Villeray, à Montréal.
La Remise se présente comme une « bibliothèque d’outils »; expliquez-nous le concept.
Les gens cherchent de plus en plus de nouvelles manières de consommer et valorisent moins la possession des objets. C’est pourquoi le matériel que nous louons est constitué d’objets que l’on n’utilise pas quotidiennement et qui encombrent les appartements. Notre inventaire ne se limite pas aux outils de rénovation, mais va de l’équipement de camping à des objets de cuisine comme des sorbetières, extracteurs à jus, poêles à raclette.
L’esprit communautaire est au coeur du projet et La Remise est aussi un espace d’échanges et de partage des savoir-faire. Des soirées thématiques seront organisées, par exemple, autour du travail du bois, afin de favoriser les rencontres et de stimuler le démarrage de jeunes artisans. En plus de la location de matériel, deux autres services sont proposés: l’accès à des ateliers de travail et différentes formations. Des formations thématiques et familiales seront offertes par des membres de la communauté, par exemple mécanique vélo, préparation de conserves, déménagement 101, fabrication de cerf-volant pour les enfants, etc. Nous souhaitons prochainement établir des partenariats avec d’autres groupes citoyens, des entreprises et des organismes locaux pour prendre part aux fêtes de quartier et organiser des événements. Les possibilités sont illimitées !
La Remise est un projet entièrement basé sur l’implication bénévole; pourquoi avoir choisi ce mode de fonctionnement? 
L’initiative provient du groupe citoyen Villeray en transition, qui s’inscrit dans le mouvement plus grand, Ville en transition, et qui a pour objectifs de réduire la dépendance au pétrole, de diminuer la consommation et d’améliorer la résilience des communautés. C’est un mouvement qui met de l’avant l’économie du partage, les valeurs de voisinage, la démocratie participative et l’implication citoyenne. Il était logique comme mode de gouvernance d’en faire une coopérative de solidarité; nous valorisons ainsi l’implication des membres et une organisation démocratique et horizontale. Les membres reçoivent des responsabilités en fonction de leurs intérêts et de leurs compétences. Un « noyau dur » de bénévoles se partage les tâches principales par comités thématiques, par exemple, communications, programmation, membres et bénévoles.
La Remise compte déjà 250 membres, quels sont vos prochains objectifs de développement ?
Nous souhaitions avoir 300 membres pour la première année et cet objectif est déjà presque atteint, principalement grâce à la campagne de socio-financement que nous avons menée au printemps et qui nous a valu l’engagement de quelque 200 citoyens, avant même l’ouverture. Nous avons amassé 25000$ lors de cette campagne, mais le financement reste un enjeu important. Nous souhaitons avoir d’autres sources de financement, possiblement obtenir des commandites et des collaborations avec des entreprises. D’ici cinq ans, notre objectif est d’atteindre les 1000 membres. La Remise suscite présentement beaucoup d’engouement, mais nous pressentons que maintenir la motivation et l’engagement des bénévoles sera un défi dans le futur. D’ailleurs, gérer une structure horizontale, au fur et à mesure qu’elle grossit, comporte son lot de complexités. Il faudra que les procédures restent simples, pour que travailler à La Remise reste aussi agréable!