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Travailler moins, contribuer mieux

Par Mickaël Carlier | 23 mai 2019 | Chronique

Ne serait-il pas nécessaire de revoir la valeur de notre temps – particulièrement celui que l’on passe à travailler?

C’est la question que soulève Mickaël Carlier, président de Novae, à sa chronique Innovation sociale sur les ondes de Radio-Canada. «À notre époque où tout s’accélère, tout le monde se plaint d’être débordé – surtout au travail. Même si cela provient aussi d’une certaine pression sociale: l’oisiveté est très mal perçue dans notre société, on se doit d’être occupé, quitte à parfois être faussement débordé. On cherche à être efficace, à optimiser notre temps: mais jusqu’où peut-on l’optimiser? Où s’arrête le multi-tâche et où commence la gesticulation?»

Généralement, nous visons tous deux objectifs à travers le travail : 1) gagner de l’argent – pour vivre, payer les factures, consommer… ; 2) idéalement se réaliser et s’épanouir. «Or, malgré l’automatisation, les avancées technologiques et autres promesses du progrès, on travaille toujours autant. Et surtout, collectivement, on travaille mal: il y a toujours une partie de la population au chômage ; et parmi ceux qui travaillent un certain nombre sont affectés à des tâches non pertinentes et inutiles pour la société. C’est ce que l’anthropologue américain David Graeber nomme les bullshit jobs – ces emplois vides de sens, aliénants.»

«Si vous n’aviez pas besoin d’argent,
passeriez-vous autant de temps à travailler?
Occuperiez-vous le même emploi?»

Or on connait tous dans notre entourage des gens qui se sentent effectivement perdus quant à la finalité de leur emploi. «On entend souvent parler de ‘manque de sens’, de travail ‘alimentaire’ ou de cet emploi qu’on occupe ‘en attendant’ de pouvoir exprimer sa vraie passion. Dans ces conditions, qu’en est-il du bonheur au travail et de l’épanouissement personnel?»

«Certes, au-delà de ces considérations, tout le monde a besoin de gagner de l’argent. Mais, prêtons-nous à cet exercice: si vous n’aviez pas besoin d’argent, passeriez-vous autant de temps à travailler? Occuperiez-vous le même emploi? Que feriez-vous de votre temps?»

Ce sont des questionnements que soulèvent des concepts comme le revenu universel, ce revenu versé à tous, sans exception et sans justification, dont on a fait plusieurs expérimentations ces dernières années, notamment en Ontario, au Kenya et en Finlande. «Si l’objectif principal est de lutter contre la pauvreté systémique, une telle approche contribue aussi à réduire le stress et à augmenter la confiance en l’avenir. Et en facilitant le passage d’une sphère de la vie à une autre – d’une période d’emploi à une de formation continue ou d’implication bénévole dans sa communauté -, on ébauche l’idée que chacun peut se réaliser pleinement, sans la pression financière liée à l’emploi, et potentiellement être beaucoup plus utile pour la société. Ultimement, plus on est heureux et plus notre savoir-faire et nos talents seront utiles.»

Ce sont d’ailleurs des réflexions que s’approprient les entreprises: les employeurs cherchent de plus en plus à mettre de l’avant des valeurs sociétales dans leurs communications, y compris dans leurs offres d’emplois, souhaitant ainsi mettre du sens dans les postes qu’elles ont à pourvoir.

«Quelle valeur donnons-nous donc à ce ‘temps monétisé’? Est-ce que l’on travaille pour gagner plus d’argent, pour se payer plus d’objets – et alimenter la société de consommation? Ou travaille-t-on pour d’autres richesses – liens sociaux, utilité, pertinence? Et si nous donnions un nouveau sens au mot ‘travailler’, afin d’y inclure davantage les notions de ‘contribuer’, ‘oeuvrer au bien commun’ ? Et si chacun pouvait se réaliser pleinement en mettant ses talents au service de la communauté?»


Pour écouter la chronique au complet, cliquer ici.


Photo de Une: Martin Adams


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