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Quand les étudiants refusent de travailler pour des entreprises insuffisamment engagées

Par Marie Allimann | 8 novembre 2018 | Chronique

Et si les futurs employés refusaient de travailler pour les entreprises qui n’en font pas assez envers l’environnement ?

C’est en substance le risque qui plane sur les entreprises, explique Mickaël Carlier, président de Novae, à sa chronique Innovation sociale à Radio-Canada. Pour preuve ce manifeste lancé au début d’octobre par des étudiants de grandes écoles françaises (HEC Paris, École Polytechnique…) dans lequel ils prennent acte des grands problèmes sociétaux et environnementaux, et se prononcent en faveur de choix de carrière encourageant de profonds changements.

«Ces étudiants se demandent à quoi peut bien servir de décrocher un emploi en or, si celui-ci contribue à l’anéantissement du monde? Ils estiment aujourd’hui faire face à deux options: contribuer à cette trajectoire destructrice de la planète, ou inclure leur ambition sociale et environnementale dans leur quotidien mais aussi dans leurs futurs métiers. Un message qui résonne pour chacun de nous: on ne peut d’une part acheter bio, rouler électrique, et d’autre part faire des choix professionnels à contre-courant de ces valeurs.» Ce que résume ainsi l’un des passages du manifeste :

«A quoi bon se déplacer à vélo
quand on travaille par ailleurs pour une entreprise dont l’activité contribue
à l’accélération du changement climatique ou de l’épuisement des ressources?»

L’initiative, qui a attiré l’attention des médias nationaux tels que Le Figaro et France Inter, compte déjà, un mois après son lancement, plus de 22 000 étudiants signataires issus de 300 établissements d’enseignement supérieur un peu partout en France.

 

manifeste

Plus de 22 000 étudiants ont déjà signé le manifeste un mois après son lancement.


 

Alors que pour les entreprises le risque est de ne pas être en mesure d’attirer ces futurs diplômés, ce mouvement n’est pas sans rappeler des initiatives qui, dans plusieurs universités canadiennes, sensibilisent les étudiants aux défis environnementaux et à l’innovation sociale. Pensons par exemple à Enactus et Ashoka U, des réseaux qui stimulent l’engagement des étudiants sur les campus à travers l’entrepreneuriat et la création de projets à mission sociétale. «On peut s’attendre à ce qu’un grand nombre de ces étudiants, une fois diplômés, ne souhaiteront pas travailler pour des entreprises dont les valeurs ne les rejoignent pas. Or, ce manifeste va plus loin puisqu’il constitue un véritable engagement public, voire une revendication: on pointe ici du doigt un ‘genre d’entreprise’, un système auquel ces étudiants n’adhèrent pas.»

Un mouvement qui doit donc être vu comme un signal d’alarme par les entreprises d’ici, déjà confrontées à un important problème de pénurie de main-d’oeuvre. «Je ne serais pas surpris qu’un tel manifeste soit repris ici. Mais qu’il le soit ou non sous cette forme, le risque pour les entreprises existe bel et bien: elles ne parviendront plus à fonctionner normalement si la nouvelle génération leur tourne le dos.»

En outre, la créativité dont elles feront preuve en matière de recrutement ne suffira pas: attirer (et retenir) les talents constituera un défi périlleux au cours des prochaines années. «Dans ce contexte de guerre des talents, les entreprises se feront de plus en plus poser ce genre de questions : à quoi servez-vous? Qu’apportez-vous à la communauté, à la planète? Bref, faites-vous partie du problème ou de la solution? Pour recruter à l’avenir, les entreprises n’auront pas d’autre choix que de se prononcer clairement sur ces questions.»


Pour écouter la chronique au complet, cliquer ici.


 Photo de Une: Timon Studler


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