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Objectifs 2007 : les enjeux selon Greenpeace

Par André-Anne Cadieux | 7 décembre 2006 | Entrevue

À l’heure des bonnes résolutions de fin d’année, Eric Darier, de Greenpeace Québec, expose les dossiers importants sur lesquels la société — politiques, entreprises, villes et citoyens — devrait progresser en 2007.

Quels sont, selon vous, les enjeux politiques, au fédéral, qu’il faudra relever en 2007 ?
Puisqu’il y a une incertitude quant à la tenue d’élections, le gros défi en 2007 sera de s’assurer que le gouvernement minoritaire actuel ne se retrouve pas majoritaire, de manière à ce qu’un espace politique s’ouvre sur le plan environnemental. Le prochain gouvernement devra s’attaquer fermement aux problématiques environnementales. Non seulement devra-t-il remettre le protocole de Kyoto sur les rails, mais aussi s’occuper d’autres dossiers majeurs, dont la biodiversité et les OGM.

Bien sûr il y a la surprise concernant l’élection de Stéphane Dion à la tête du Parti Libéral. Durant sa campagne, il a beaucoup misé sur l’environnement. Il sera donc intéressant de le voir dans le rôle de chef de l’opposition, avec ce bagage. Reste à voir comment ses intentions et sa rhétorique sur le développement durable vont se concrétiser : les Libéraux ont été au pouvoir pendant 13 ans, et ils n’ont pas été très convaincants sur plusieurs dossiers. Mais il faut donner une chance au coureur ; tout le monde peut changer.

Une chose demeure toutefois significative : une grande partie des délégués libéraux ont constaté la place grandissante qu’occupe la thématique environnementale, et ils ne peuvent pas ne pas y répondre. L’élection de Stéphane Dion reflète en partie ces préoccupations. Il y a un momentum de la part des électeurs en faveur de l’environnement. Il est donc intéressant de voir qu’un des principaux partis canadiens semble se repositionner en ce sens.

Et au provincial ?
Il y aura aussi probablement une élection en 2007. Le protocole de Kyoto y est moins un sujet de controverse, le gouvernement québécois ayant mis en place une stratégie à cet effet. Mais il y a d’autres défis, dont la Commission sur l’avenir de l’agriculture et de l’agro-alimentaire, une commission indépendante qui va tenir des audiences publiques de février à juin 2007. Ce sera la première grande consultation publique sur l’alimentation et l’agriculture, une excellente occasion de se questionner sur ce que notre société veut : souhaite-t-on poursuivre la culture de type industriel ou se repositionner avec des produits de plus grande qualité, de types terroir et biologique par exemple ? Il s’agit d’une excellente occasion pour le Québec de se distinguer du reste de l’Amérique du Nord.

Il faudra aussi voir si le gouvernement Charest passera à l’action avant les élections au niveau des forêts, à la suite des recommandations du rapport Coulombe. Va-t-il avoir le même courage politique qu’il a eu concernant Kyoto ? Il y a une crise dans l’industrie forestière, il convient à la fois de mettre une stratégie de développement durable, d’appliquer les recommandations du rapport Coulombe et d’établir un processus scientifique pour tenter d’évaluer les aires qui devraient être protégées au Québec. L’ONU préconise 12% d’aires protégées  — un objectif modeste puisque les scientifiques estiment que ce chiffre devrait plutôt être compris entre 10 et 50% pour assurer la biodiversité. Or, le Québec est en dessous de ça. Selon les évaluations, les aires protégées représentent 1 à 4% ! À voir donc si le gouvernement du Québec réussira à faire preuve de leadership sur ce dossier.

Concernant les initiatives des entreprises, quels sont vos souhaits pour 2007 ?
Nous avons eu une belle collaboration avec Hydro-Québec [ndlr : Hydro-Québec a annoncé cet été sa nouvelle politique d’achat en matière de papier écologique ; pour plus de détails, lire l’article et l’entrevue avec la Chef Environnement]. Nous avons donc pour objectif qu’en 2007 d’autres entreprises ou institutions publiques adoptent une politique d’achat de papiers 100% recyclés post-consommation ou certifiés FSC. Nous travaillons actuellement avec plusieurs, dont on ne peut pas encore dévoiler les noms.

Au-delà de leurs politiques d’achat — ce qui est déjà une grande étape –, les entreprises peuvent faire beaucoup d’autres choses en faveur de l’environnement, notamment diminuer leur utilisation du papier à l’aide d’une véritable politique de contrôle.

Concernant les villes, quelles sont les priorités pour l’année à venir ?
Puisque le gouvernement du Québec a une politique à l’égard des changements climatiques et se dit en faveur des transports en commun, il va falloir réorienter les politiques encadrant les constructions de routes et l’expansion du réseau routier. Je pense notamment au pont de l’autoroute 25, dont même Montréal ne veut pas. Il faut donc que l’ensemble des ministères s’ajustent à une véritable politique environnementale et une véritable stratégie d’application du protocole de Kyoto. On ne peut pas à la fois construire de nouvelles routes, ce qui attire plus d’automobiles, et en même temps dire qu’on veut réduire les émissions de CO2. Il va falloir être plus strict, et notamment donner des alternatives aux automobilistes à l’aide d’une stratégie plus vigoureuse en matière de transports en commun.

Et pour les consommateurs, où se situent les enjeux de 2007 ?
Il faut se rappeler que le gouvernement Libéral au Québec avait promis l’étiquetage obligatoire des OGM : il s’agit donc toujours d’un enjeu. Il faudra à la fois rappeler cette promesse aux candidats de tous les partis lors de la campagne, mais aussi rappeler que les citoyens / consommateurs peuvent agir. Les grandes entreprises qui contrôlent la majeure partie la chaîne de distribution alimentaire, telles que Loblaws, IGA, Métro, etc.,  doivent comprendre que la plupart des consommateurs — environ 70% selon les sondages — préfèreraient ne pas avoir de produits OGM. Elles doivent s’ajuster à cette demande. Il ne s’agit pas simplement d’offrir davantage de produits biologiques, mais aussi d’utiliser leur pouvoir d’achat pour demander à leurs fournisseurs de retirer les OGM.

Les consommateurs doivent donc utiliser les lignes 1-800, les boites à suggestions dans les magasins, voire même demander aux gérants afin de connaître la présence ou non d’OGM. Nous avons un véritable pouvoir de pression sur ces entreprises. On sait que l’appel d’un consommateur mécontent peut êtr
e considéré comme le reflet de l’opinion de plusieurs centaines d’autres. Même si les entreprises ne l’admettent pas publiquement, cela a un impact très direct, elles en tiennent compte dans leur marketing. C’est d’ailleurs pour ça que, contrairement à l’Europe, il n’y a toujours pas d’étiquetage ici : les entreprises savent que les consommateurs n’en veulent pas, et qu’elles seront donc poussées à les retirer du marché.

Objectifs 2007 - la semaine prochaine :
Karel Mayrand, du centre de recherche en développement durable Unisféra.


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