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La vague des entreprises "à mission"

Par Marie Allimann | 22 novembre 2018 | Chronique

Pour ces entreprises, l’argent n’est plus l’unique objectif. Leur «mission» est aussi de résoudre des problèmes de société.

Alors que des étudiants refusent de travailler pour des entreprises qui ne s’engagent pas suffisamment à l’égard de l’environnement, Mickaël Carlier, président de Novae, souligne cette semaine dans sa chronique Innovation sociale à Radio-Canada que la finalité même des entreprises est de plus en plus questionnée. Cet élément figure d’ailleurs dans le projet de Loi Pacte (pour Plan d’action pour la croissance et la transformation des entreprises), discuté depuis plusieurs mois en France. «Ce projet de loi, qui couvre divers aspects liés à la gestion et l’innovation des entreprises, introduit notamment dans le droit français la notion d’intérêt social de l’entreprise, autrement dit son apport à la société. On y prévoit ainsi le statut d’Entreprise à mission, c’est-à-dire la possibilité pour une entreprise d’ajouter à son objectif commercial une mission spécifique à caractère sociétal. On fait donc référence ici à un modèle hybride, qui allie à la fois un but lucratif et un autre non lucratif.»

«Le succès d’une entreprise ne serait plus uniquement évalué
sur sa performance financière, mais aussi sur ses bénéfices sociaux
et environnementaux – bref, sur son rôle réel dans la société.
»

Un statut qui semble dores et déjà séduire les entreprises. Selon une étude, 15% des dirigeants français estiment déjà remplir les critères de l’Entreprise à mission, 65% considèrent même que toute entreprise devrait inscrire une mission spécifique, au-delà de ses objectifs économiques; et 73% estiment que devenir une Entreprise à mission améliorerait leur image employeur. «L’adoption d’une telle loi permettrait donc de légitimer cette vision des affaires, voire de constituer une certaine protection pour les entreprises. Aujourd’hui, les administrateurs ont pour mandat d’assurer la meilleure rentabilité de leur entreprise ; c’est sur la performance financière de cette dernière qu’ils sont évalués. Avec une telle réglementation, cette rentabilité pourrait être moindre dans la mesure où l’entreprise cherche aussi à atteindre d’autres objectifs extra-financiers. Ainsi, le succès d’une entreprise ne serait plus uniquement évalué sur sa performance financière, mais aussi sur ses bénéfices sociaux et environnementaux – bref, sur son rôle réel dans la société.»

vancity

L’institution financière Vancity fait partie des 200 entreprises canadiennes ayant obtenu la certification B Corp.

En outre ce modèle hybride n’est pas totalement nouveau, à l’instar du statut de Benefit corporation, aux États-Unis: une trentaine d’États américains ont légiféré pour permettre la création de telles entreprises, l’une des plus connues étant Patagonia (photo de Une), devenue Benefit Corporation en 2012. «Ce statut encadre et officialise l’engagement sociétal d’une entreprise – y compris par exemple dans le cas d’un rachat : le nouveau propriétaire devra respecter les objectifs sociétaux de l’entreprise puisqu’ils font partie intégrante des se statuts.»

Au Canada aussi le modèle hybride suscite beaucoup d’intérêt, tant de la part des entrepreneurs que des investisseurs. Bien que le statut juridique n’existe pas encore, l’essence de la Benefit Corporation se retrouve dans la certification B Corp, présente dans une soixantaine de pays. Sur les 2600 entreprises certifiées dans le monde, quelque 200 le sont au Canada : on retrouve la BDC, Vancity, Danone Canada, Prana, etc.

«Ce qu’il faut retenir, c’est qu’il existe tout un mouvement d’entrepreneurs, d’entreprises – petites et grandes – qui croient réellement au rôle sociétal de leur organisation – qui voient même une certaine nécessité en terme de compétitivité, de positionnement, d’innovation. Même si ce ne sont pas elles qui font la une des journaux, elles existent! Il est donc possible de faire rouler une entreprise sur ces valeurs ; il est possible d’acheter auprès de ce genre d’entreprises ; il est possible de travailler au sein de ces entreprises. Tout cela ensemble, en reconnaissant et encourageant ce type d’entreprises engagées, il devient réaliste de bâtir tout un système économique basé lui aussi sur ces valeurs sociétales.»


Pour écouter la chronique au complet, cliquer ici.


Photo de Une: Andrew Miller / Patagonia


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