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La Fondation David Suzuki s'implante au Québec

Par André-Anne Cadieux | 25 septembre 2008 | Entrevue

Karel Mayrand, nouveau directeur général de la Fondation David Suzuki pour le Québec, nous explique comment l’organisme aborde son arrivée dans la province. Créée à Vancouver en 1990, la Fondation David Suzuki se voue à la compréhension du développement durable par la science et l’éducation. Ses activités, qui conjuguent pressions et sensibilisation, s’adressent à trois catégories de publics : les gouvernements, les entreprises et les citoyens. La fondation compte au sein de son conseil d’administration des personnalités telles que Ray Anderson, président-fondateur d’Interface, et l’homme d’affaires Stephen R. Bronfman.

L’organisme, présent également à Toronto et Ottawa, annonce officiellement aujourd’hui son installation à Montréal. L’occasion de s’entretenir avec celui qui assume le premier poste de directeur général pour le Québec, Karel Mayrand.

Pourquoi décider maintenant de s’implanter au Québec, alors que la fondation existe depuis près de 20 ans ?
L’une des raisons est qu’un groupe de bénévoles issus de la communauté anglophone de Montréal, rassemblés autour de Stephen Bronfman, réclamaient depuis longtemps la venue de la fondation au Québec. Puis, l’élément déclencheur a été l’arrivée, en janvier dernier, de Peter Robinson [n.d.l.r. : ancien président de Mountain Equipment Coop] à la direction de la fondation. En arrivant, il a fait le constat que la fondation ne pouvait prétendre être une organisation nationale sans avoir de présence forte, et en français, au Québec. En outre, Peter avait déjà implanté MEC au Québec et était particulièrement sensible à ce marché. C’est pourquoi il a tenu à créer un poste de directeur général pour que l’équipe québécoise relève d’un dirigeant local, et non de l’équipe de direction de Vancouver, comme c’est le cas pour les autres bureaux. Et aussi pourquoi, malgré les nombreux candidats anglophones potentiels, la fondation a sciemment choisi un francophone pour ce poste. Le bureau québécois aura donc une autonomie particulière vis-à-vis de Vancouver.

Comment sera organisé le bureau québécois ?
Le bureau sera organisé autour de cinq personnes aux fonctions stratégiques : la direction et la représentation assumées par moi ; les opérations, notamment pour assurer l’interface entre Vancouver et Montréal ; les communications, les activités de levées de fonds auprès des grands donateurs, et la coordination des bénévoles.

Parallèlement, nous ferons appel à des chargés de projets en fonction des programmes thématiques que nous développerons. Nous envisageons être une dizaine de personnes dans quelques années, dépendamment de l’ampleur des projets que nous aurons mis en place.

Quels sont vos projets au cours des prochains mois ?
Les semaines à venir seront encore grandement consacrées à l’organisation : trouver des bureaux, faire le recrutement, etc. Nous pensons être opérationnels d’ici à Noël. Parallèlement, nous consultons tous les principaux groupes environnementaux présents au Québec, à qui nous offrons notre collaboration. Ces rencontres me permettent aussi d’assurer l’arrimage entre nos actions futures et celles déjà en place au Québec.

Sur cette base, nous amorcerons les premiers projets, soit en nous greffant à des projets existants, soit en initiant nos propres projets. Les thématiques qui nous intéressent plus particulièrement concernent les changements climatiques bien sûr — ce que nous ferons probablement en appui à d’autres initiatives –, mais aussi le lien entre santé et environnement, ainsi que les enjeux liés à l’eau douce et au Saint-Laurent. Nous avons l’habitude de beaucoup travailler en collaboration avec les autres organismes ; il ne s’agit donc pas de chercher à avoir des sujets exclusifs à la fondation.

J’aimerais par ailleurs créer un programme de bourses et de stages pour des finissants de disciplines environnementales (éco-conseil, science environnementale, etc.). Il s’agirait de stages orientés vers la recherche, la vulgarisation et la communication scientifique.

Nous voulons devenir une référence pour les Québécois qui se posent des questions sur l’environnement.

À cet égard, comment vous positionnez-vous par rapport à des groupes déjà fortement implantés au Québec, comme Equiterre ou Greenpeace par exemple ?
Nous collaborons depuis plusieurs années avec Equiterre, qui était d’ailleurs devenu notre interlocuteur privilégié au Québec ; nous comptons poursuivre en ce sens. Il en va de même avec Greenpeace.

Il est vrai que nous pouvons nous ressembler beaucoup — nous sommes les uns et les autres actifs dans la mobilisation citoyenne –, tout en ayant chacun nos particularités. Celles de la Fondation David Suzuki résident dans la recherche, la science et la communication de la science. Equiterre est particulièrement forte en agriculture, ce qui n’est pas du tout notre cas. Si nous menons des projets sur les aires marines, c’est un dossier que ne traite pas Equiterre.

Bref, les zones de chevauchement qui existent entre nos différentes actions doivent pouvoir être fructueuses, et non conflictuelles. Il y a de la place pour tous et la diversité de groupes est une bonne chose.

Quelles relations avez-vous avec les entreprises ?
Nous travaillons fréquemment avec des entreprises ou regroupement d’entreprises dans le but d’améliorer leurs pratiques et leur bilan environnemental. David Suzuki étant une personne connue, nous recevons beaucoup de demandes, auxquelles nous ne pouvons pas toujours répondre. Nous sommes donc stratégiques dans la sélection des projets dans lesquels nous nous impliquons, notamment pour une question de crédibilité.

Nous avons l’intention de travailler avec les entreprises québécoises, mais nous voulons d’abord bien identifier notre niche, car il existe déjà une offre importante de consultants et de prestataires de services consacrés à ces enjeux. Nos collaborations avec les entreprises se feront davantage sur la base de dons qu’elles feront à la fondation et d’accompagnements que nous mènerons auprès d’elles.

Notre apport au secteur corporatif se fera aussi par l’intermédiaire de nos travaux de recherches, qui peuvent servir de levier sur le marché. Par exemple, dans le dossier des pesticides, nous avons identifié les grandes chaînes de détaillants qui les avaient éliminés ou qui avaient un plan à cet effet [n.d.l.r.: Rona, HomeDepot, Loblaws et CanadianTire] et celles qui n’ont aucun plan [Wal-Mart, Home Hardware, Lowe’s et TruServ] ; puis nous avons communiqué cette information. Bien sûr, si une entreprise nous demande maintenant de l’aider à éliminer les pesticides de ces processus, nous le ferons car cela s’inscrit dans nos objectifs. Il ne s’agit pas juste de pointer du doigt les entreprises, mais aussi de
les aider.


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