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EnRacine: viser la carboresponsabilité plutôt que la carboneutralité

Par André-Anne Cadieux | 25 octobre 2012 | Entrevue

La compensation carbone de Momentum, qu’organise Novae la semaine prochaine, sera assurée par EnRacine, organisme montréalais spécialisé en "reforestation sociale". Entrevue avec son codirecteur général, Samuel Gervais.

EnRacine a pour mission de développer des projets de reforestation sociale, en collaboration avec des agriculteurs, donnant lieu ensuite à la vente de crédits de carbone à travers le monde. L’organisme, qui fête ses cinq ans, travaille actuellement sur le Projet communautaire de carbone Limay, au Nicaragua.

Parlez-nous de votre démarche de reforestation sociale.
D’abord, il faut savoir que nos projets sont certifiés Plan Vivo, une certification donnant un cadre pour développer des projets de gestion durable des sols et qui met l’accent sur la participation communautaire. Quand nous avons commencé, nous avons "magasiné" notre certification et comme le Plan Vivo ressemblait déjà beaucoup à ce qu’on faisait, ça s’est avéré un "match" parfait. C’est un plan qui met l’emphase sur le développement des communautés locales en les incluant. C’est le plus vieux standard forestier sur le marché du carbone volontaire et le seul qui assure un paiement direct aux communautés concernées. On peut même parler de carbone équitable, puisqu’il suit les règles du commerce équitable. C’est un aspect important pour nous et le projet communautaire de carbone Limay s’inscrit dans ce cadre de reforestation sociale.

Comment et pourquoi avez-vous développé le projet communautaire de carbone Limay?
Nous travaillons avec de petits agriculteurs qui ont entre 5 et 20 hectares chacun, c’est-à-dire les "plus pauvres". Nous passons par l’intermédiaire d’une association dans la région qui travaille là-bas depuis longtemps et qui connait bien la réalité des communautés. Nos techniciens qui sont là-bas, sont également membres de cette association. San Juan de Limay est un endroit où a eu lieu un vrai désastre de la "révolution verte": des champs de coton ont été plantés sur toutes les terres, et ce en brûlant les forêts. Cela a eu pour effet de dérégler le climat, et en quelques décennies, de détruire l’écosystème. C’est maintenant l’endroit le plus sec et le plus chaud du pays. Il y a un besoin important de renourrir les sols et de reboiser. Nous visons aussi à améliorer l’élevage agricole, à aider les gens à diversifier leurs activités et à augmenter leurs revenus, qui sont en moyenne de 50 sous à 1 dollar par jour.

En quoi consiste votre trousse de compensation et de promotion CO2 responsable, que vous avez lancée l’an dernier?
La trousse est devenue un des piliers de notre stratégie de mise en marché. Les crédits de carbone peuvent sembler intangibles, dans la mesure où il s’agit d’un investissement à long terme et il peut donc s’avérer difficile de convaincre une entreprise d’investir. Nous avons donc entouré le service de crédit carbone d’une autre gamme de services, pour "boucler la boucle", c’est à-dire en proposant d’effectuer le bilan carbone, d’accompagner les entreprises pour réduire leurs émissions, ainsi qu’un service de promotion marketing pour que celles-ci puissent communiquer leur engagement et en faire un argument marketing fort.

Quel est l’attrait de cette trousse pour les entreprises?
Nous proposons une démarche dans le temps avec des objectifs qui permettent aux entreprises de devenir "carbo-responsable". Le but est d’encourager les entreprises à être plus transparentes mais aussi plus rentables, puisque réduire leur empreinte représente aussi une opportunité de réduire leurs coûts. Nous sommes conscients que l’intérêt pour les entreprises n’est pas juste au niveau de leur responsabilité sociale, il faut que cela leur rapporte et c’est ce que nous essayons d’apporter avec la trousse.

Donnez-nous des exemples d’applications de cette démarche.
Notre premier client avec la trousse CO2 responsable a été la Brulerie Santropol; elle a été notre cobaye en quelques sortes, nous avons presque développé la trousse ensemble! La brulerie montre la voie dans le milieu du détail pour la gestion des émissions carbones. Il y a aussi Cascades, qui compense l’ensemble de ses événements avec nous.

La compensation carbone des événements locaux peut être un bon premier pas pour les entreprises plus "frileuses" à l’idée de cet engagement. C’est une bonne façon d’apprendre à connaitre le principe puisque les événements du genre ne représentent pas une empreinte trop importante. Les entreprises peuvent commencer par faire un bilan de leur évènement, par exemple en posant des questions aux invités sur leur déplacement, et aller jusqu’à classifier l’événement, selon la norme du BNQ, comme pour c’est le cas de Momentum. 

Nous ne sommes pas les seuls à oeuvrer dans ce domaine, mais il y a encore beaucoup de sensibilisation à faire, tant auprès du public et que des entreprises.

Quels sont vos projets d’avenir, après 5 ans d’activités?
À nos débuts, nous couvrions 5 hectares par année et cette année nous avons planté notre 500000e arbre! Notre mission première est bien sûr de faire plus de reboisement, de restaurer des écosystèmes et d’améliorer la vie de communautés. Nous visons aussi à ce que le concept de "carboresponsabilité" s’impose, versus "carboneutralité", qui est mensonger selon nous. Notre rôle est aussi d’accompagner les entreprises afin qu’elles fassent de leurs crédits de carbone un atout. Nous espérons que de plus en plus d’entreprises emboitent le pas et s’engagent dans une démarche pour devenir de meilleurs citoyens corporatifs.

Momentum se tiendra le 30 octobre à la 5e salle de la Place des Arts. Pour se procurer des billets, cliquer ici.


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