Des filets de pêche dans nos manteaux
Par Marie Allimann | 21 octobre 2019 |
Entreprise
Ces manteaux québécois sont faits de plastique recyclé: des filets de pêche récupérés des océans.
Des fils de nylon recyclé et issu de filets de pêche abandonnés dans les océans intègrent depuis quelques semaines le prêt-à-porter nordique sous l’impulsion d’Audvik, une entreprise québécoise de manteaux d’hiver. Créée il y a tout juste 40 ans, la compagnie a su se bâtir au fil des années une notoriété en proposant des vêtements durables et chauds, fabriqués localement et à prix abordable. De quoi attirer Sophie Boyer, une jeune entrepreneuse adepte de ski de fond, qui rachetait Audvik il y a sept ans en vue de poursuivre la mission de l’entreprise, tout en veillant à rajeunir la marque et entamer une transition verte. «C’était important pour nous de faire notre virage vert et nous avons décidé il y a environ un an et demi de travailler sur des tissus écoresponsables», précise-t-elle.
Sophie Boyer
Cette démarche s’est concentrée sur le potentiel du fil nylon issu du recyclage de filets de pêche, un fil encore peu utilisé dans la confection comparativement au fil polyester recyclé provenant de bouteilles en plastique PET. Les filets de pêche, qui représentent près de 10% des déchets des océans, sont récupérés un peu partout dans le monde, des Philippines au Canada, par des organismes environnementaux locaux avant d’être vendus aux industries capables de les recycler.
«Nous avons fait de la recherche et développement en collaboration avec notre fournisseur en Chine avant d’obtenir un tissu à la fois écoresponsable et performant, c’est-à-dire imperméable, respirant et coupe-vent.» Car le principal défi était d’avoir une membrane capable de résister aux intempéries, une qualité que la compagnie obtenait finalement au terme d’un processus d’essais-erreurs d’un an et demi. Ce résultat permet par ailleurs de produire cinq coques extérieures de manteau pour environ un kilo de filet de pêche.
Ces coques en nylon recyclé intègrent la nouvelle collection de manteaux, FOSFO, pour laquelle la compagnie a choisi de faire un compromis sur le lieu de confection: «Nous avons été tenté de faire la confection au Québec; seulement, on voulait que le prix de nos manteaux reste abordable. C’est pourquoi tout est fait en Asie, même la coupe et l’assemblage des manteaux.»
Pour ce faire, Audvik s’assure de collaborer avec des fournisseurs qui offrent de bonnes conditions de travail à leurs employés selon le code de conduite établit par la BSCI (Business Social Compliance Initiative) qui prévoit par exemple des mesures en santé et sécurité sur le lieu de travail.
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La gamme FOSFO, lancée il y a quelques jours, complète d’autres nouveaux modèles de manteaux dont les coques sont faites en polyester issu du recyclage de bouteilles en plastique. L’ensemble des tissus en nylon et polyester recyclés compose d’ores et déjà la moitié des manteaux proposés par la compagnie.
«Nous allons continuer notre transition: tous nos modèles auront un tissu extérieur en matière recyclée en 2020. Nous introduirons ensuite des isolants intérieurs, de la doublure et du micro-polaire aux poignets qui seront tous en matières recyclées.» L’ambition est claire: tous les manteaux d’hiver Audvik seront fabriqués à base de matières recyclées d’ici deux ans.