Déchets plastiques: des pistes d’améliorations concrètes
Par Marie Allimann | 14 octobre 2020 |
Entreprise
Face aux alternatives, telles que compostables ou réutilisables, comment s’y retrouver pour réduire les déchets issus des produits en plastique à usage unique?
Aujourd’hui majoritairement éliminés par incinération ou mis à l’enfouissement, les déchets plastiques de produits à usage unique constituent une source de dégradation des écosystèmes, de pollution de l’eau, des sols et de l’air, d’épuisement des ressources naturelles ou d’impacts sur la santé humaine. Pour Jérôme Cliche, agent de développement industriel chez Recyc-Québec, cette situation s’explique par le manque de débouchés de recyclage des produits à usage unique. «Prenez par exemple un rasoir jetable: il est composé de métal et de différents types de plastiques. Comme il est difficile de séparer toutes ses composantes, ce rasoir ne peut pas être recyclé et part directement à l’incinération ou à l’enfouissement.»
Pour faire face à cet enjeu, il est essentiel de trouver des solutions sur la base de connaissances scientifiques pour éviter ainsi les fausses bonnes idées. Notamment celle de remplacer le plastique d’un objet à usage unique par une matière compostable. «On ne va pas solutionner le problème de l’usage unique par de l’usage unique compostable!» Au contraire, les études menées par Recyc-Québec démontrent que les solutions aux sacs d’emplette ou aux tasses à café jetables doivent privilégier la réduction à la source et, à défaut, le réemploi de produits durables et réutilisables. «C’est une évidence, convient Jérôme Clique, mais il fallait avoir des preuves scientifiques à l’appui.»
Pour ce faire, Recyc-Québec soutient diverses initiatives de réduction des déchets issus de l’usage unique. En offrant de l’information aux municipalités qui choisissent de bannir les sacs en plastique, ou en reconnaissant via son programme Ici on recycle les efforts des industries, commerces et institutions qui posent notamment des gestes en faveur du réemploi. L’aide de Recyc-Québec cible également des projets particuliers. Celui du festival Festibière par exemple, en aidant ses gestionnaires à documenter à travers une étude de cas l’utilisation de vaisselle réutilisable pendant l’évènement. Ou encore le projet de l’épicerie Loco qui développe une démarche zéro déchet pour toute sa chaine d’approvisionnement.
Recyc-Québec lançait d’ailleurs au printemps dernier un appel à propositions Retour à la source. Cette initiative vise précisément les projets qui offrent des alternatives à l’usage unique et soutiennent les changements de comportement auprès des citoyens. «Nous avons reçu une quarantaine de propositions, indique Jérôme Cliche, les dix projets sélectionnés seront bientôt dévoilés. On trouve parmi eux des solutions de remplacement des bouteilles de plastique dans les festivals grâce par exemple à des fontaines d’eau.»
Pour l’heure, un autre défi a vu le jour sous l’effet de la crise sanitaire actuelle: que faire des masques, gants et autres protections à usage unique? Certaines entreprises proposent un service de collecte sécuritaire et de recyclage. Mais à défaut d’information transparente sur le traitement de ces déchets, Jérôme Cliche recommande aux organisations intéressées de préalablement s’assurer de la destination et du traitement final de la matière. Parallèlement, d’autres solutions voient le jour, à l’instar des masques N99 de l’entreprise québécoise Dorma filtration. « Ces masques sont non seulement plus efficaces que les masques N95, mais ils sont en plus lavables, réutilisables et recyclables. On a là une alternative innovante et durable, c’est une bonne nouvelle! »
Jérome Cliche sera notre invité lundi 26 octobre à 14h00, dans le cadre du Forum Plastique, qui se tiendra en ligne du 26 au 29 octobre. Détails et inscriptions.