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Le déchet au coeur des nouvelles stratégies alimentaires

Par Marie Allimann | 11 mai 2020 | Entreprise

Le nouveau paradigme d’affaires de l’industrie transformatrice s’appuiera non plus sur le produit mais de plus en plus sur les déchets.

C’est l’avis de David Coté, cofondateur de Loop Mission, l’entreprise québécoise précurseur en économie circulaire qui transforme les rebus de l’industrie alimentaire en produits à valeur ajoutée, réduisant d’autant le gaspillage alimentaire. Car la création de Loop en 2016 doit son origine au distributeur de fruits et légumes Courchesne Larose à Montréal qui contactait David Côté, alors à la tête de Rise Kombucha et Crudessence. «Ils m’ont montré la quantité de ce qu’ils devaient jeter – des produits mûrs à point -, je n’en revenais pas, relève-t-il. On a décidé de créer Loop pour transformer ces rejets, en jus plutôt qu’en purée pour bébés par exemple, puisque ça permettait d’utiliser un maximum de fruits et légumes. C’est donc le produit ‘rejeté’ qui va dicter le type de produit qu’on va faire.»

Depuis, d’autres produits Loop sont apparus: les bières fabriquées à base des rebuts de pain de la boulangerie St-Méthode, les gins (photo de une) composés de retailles de pommes de terre de Croustilles Yum Yum et les savons faits d’huile de tournesol biologique usagée des restaurants La Panthère Verte.

S’il est transposable à tout le secteur de la transformation alimentaire, ce modèle exige que les entrepreneurs se questionnent sur les surplus susceptibles de remplacer certaines de leurs matières premières et qu’ils identifient les entreprises capables de les approvisionner. «Dans notre cas, ce sont les entreprises qui viennent à nous pour nous proposer leurs rejets.» Ces entreprises ont su voir dans leurs déchets une source de revenu, dans une industrie où les pertes sont encore trop souvent jugées comme un pis-aller acceptable financièrement, à l’instar d’agriculteurs qui abandonnent près du tiers de leur production en raison de la taille ou la forme hors norme de leur récolte, ou de transformateurs qui peuvent jeter plusieurs tonnes de légumes chaque jour. «Les pertes s’élèvent à 2 % des dépenses chez Courchesne Larose et pourtant elles représentent des millions $. Tant du côté des producteurs, des transformateurs que des distributeurs, il faut changer la mentalité dans le secteur agro-alimentaire: ces pertes ont une valeur.»

Pour faciliter la transition vers le zéro-gaspillage, il est nécessaire selon David Coté de mettre également en place des mesures institutionnelles capables d’améliorer efficacement la gestion du tri et de la collecte des matières résiduelles. À Montréal, le plan directeur de gestion des matières résiduelles 2020-2025 marque une étape importante en ce sens en interdisant notamment l’enfouissement des matières organiques d’ici à 2030. Un objectif facilement réalisable sachant que la ville inclut le compostage parmi ses stratégies. «Mais il faut éviter de voir le compost comme une solution à tout: le compostage des matières organique doit rester la dernière solution.» La valorisation des déchets doit être privilégiée à tous les niveaux, en témoigne la pulpe des fruits et légumes des jus Loop qui trouve une troisième vie en composant l’alimentation des insectes élevés par Tricycle, ou en intégrant les gâteries pour chien de l’entreprise québécoise Wilder Harrier. «Quant aux écorces d’agrumes, elles entrent dans la composition d’une liqueur d’orange et nous réfléchissons même à les utiliser pour en faire des fibres de textiles.»


David Côté sera l’un de nos invités lors du Forum Novae – Alimentation qui se tiendra du 14 au 17 septembre. 



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