Avec ses ustensiles biodégradables, Nova Envirocom est devenu en 15 ans une référence de l’industrie québécoise des bioplastiques.

Nova Envirocom est une PME née en 1995 de la folie de Pierre Morency, un "écologiste" — lui-même utilise le mot — de longue date. "J’ai toujours voulu propager cette folie: celle de fabriquer des produits entièrement biodégradables et abordables", dit-il. Psychologue de formation, Pierre Morency se frotte depuis longtemps à la gestion des déchets puisqu’il a été pendant 5 ans membre du comité de travail sur la gestion des produits dangereux recyclables du Conseil canadien des ministres de l’environnement et est le fondateur du Regroupement national des conseils régionaux en environnement.

Grossiste en produits environnementaux (vaisselle compostable, bacs de recyclage ou sacs compostables), l’entreprise de Sherbrooke s’est démarquée rapidement comme conceptrice de vaisselle en bioplastique, faisant office de précurseur en Amérique du Nord. "À l’époque, une entreprise qui voulait acheter de la vaisselle réellement sans dommages pour l’environnement en fin de vie n’avait pas de choix : jeter ses ustensiles en plastique était inévitable", dit-il, en soulignant que 40% des ordures domestiques pourraient se composter au lieu d’être enfouies. L’entreprise, surtout connue pour ses ustensiles, offre toute une gamme de produits pour le secteur de la restauration: de la fourchette à la paille en passant par l’assiette jetable. Tous ces produits sont compostables ou biodégradables, en deux à huit semaines.

La recette des bioplastiques n’est pas simple: elle nécessite une série de transformations chimiques et bactériologiques. À la base du produit on retrouve l’amidon, de pomme de terre ou de maïs, ainsi que la bagasse, un polystyrène nouveau genre qui provient de la canne à sucre. Ses produits utilisent également de la résine végétale sans OGM, dotée de deux certifications, OK Compost et une du Biodegradable Product Institute. "C’est un domaine dans lequel il est essentiel de travailler en équipe pluridisciplinaire. On s’entoure donc de plasturgistes, d’agronomes, de biochimistes, d’ingénieurs ou d’économistes." La première démarche d’écoconception a même inclus le design de l’emballage: "Une petite bague de papier que nous trouvions jolie avant même de réaliser que sa simplicité réduisait son empreinte."

Bien que leurs caractéristiques soient les mêmes que celles des ustensiles usuels, ils se dégradent sans laisser de résidus toxiques.  "On se retrouve avec un produit écoconçu qui peut être réutilisé — et on encourage nos clients à le faire — et qui réduit le tonnage total de détritus. Lorsqu’il est jeté parce qu’aucun programme de compostage n’est en place, il devient biogaz utilisable sans effet toxique." C’est en ciblant les municipalités, les hôpitaux, les écoles ainsi que les traiteurs ou les organisateurs d’événements que Nova Envirocom a eu son premier impact. "Normalement, l’ustensile utilisé dans une cafétéria a une durée de vie très courte. Une seule utilisation et il est au dépotoir."

Avec le soutien du ministère du Développement économique, de l’Innovation et de l’Exportation, la PME participe aujourd’hui au développement d’une nouvelle expertise québécoise. "Un projet de recherche porte actuellement sur un type d’emballage qui pourra remplacer les substituts traditionnels. Notre pari est que d’ici cinq à dix ans, supportés par une mutation sociale qui favorise l’économie du savoir, nous aurons généré une industrie de la bioplasturgie qui positionnera le Québec en leader nord-américain." On s’attend en effet à obtenir encore de prodigieux résultats au cours des prochaines années dans ce domaine, les combinaisons des molécules organiques qui forment le bioplastique étant loin d’avoir été toutes testées. Pierre Morency poursuit ainsi sans relâche son rêve "d’imposer le changement". "Le marché s’est développé au Québec depuis quelques années. On répond maintenant à des appels d’offres où l’on demande des produits entièrement compostables. C’est nouveau et ça augure bien. Ceux qui y répondront seront, comme j’aime le répéter, le bras économique, le bras armé du changement environnemental."