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Momentum: l'innovation d'affaires vue par quatre étudiants-reporters

Par Marie Allimann | 12 octobre 2016 | Événement

À l’issue d’un concours, quatre étudiants ont eu l’opportunité de participer et de suivre, jeudi dernier, la Conférence Momentum en tant que reporters d’un jour.

Tout au long de cette journée consacrée aux nouveaux modèles d’affaires liant efficacité et impact sociétal, ils ont pu prendre des notes, poser des questions aux conférenciers et prendre le pouls de cette nouvelle économie.

Une entreprise privée devenue propriété de ses employés
par Miriane Demers-Lemay, Université de Montréal

« On entend souvent l’histoire classique d’une petite entreprise qui grossit, a du succès, et se fait avaler par un géant, raconte avec son franc-parler le cofondateur de la brasserie Beau’s, Steve Beauchesne. Pour rester indépendants, nous on a décidé de faire autrement. » Ainsi, alors que l’entreprise familiale fêtait son 10e anniversaire au mois de mai avec ses dizaines d’employés, les propriétaires annoncent en grande pompe qu’ils vont vendre. Au mur apparaît une photo des prochains propriétaires : l’ensemble des employés. « Ils ont mis du temps à comprendre, ils pensaient que c’était une blague », s’exclame Steve Beauchesne en riant.

Vendre leur capital aux employés, c’est la solution trouvée par la famille pour assurer l’indépendance de la compagnie à long terme. Le capital était alors détenu par les membres de la famille proche et éloignée. « Il n’y a pas eu de conflit dans la famille pour cette vente, révèle le brasseur. Chacun décide s’il veut vendre ses parts ou non, et la proportion qu’il veut vendre ».

Aujourd’hui, il y a 160 propriétaires de la compagnie, « convaincus que le succès de Beau’s vaut davantage que leur chèque de paie », affirme Steve Beauchesne. Les parts doivent entièrement rester aux employés; si l’un d’eux quitte l’équipe, il doit vendre ses parts à un autre employé.

Lire aussi : Brasserie Beau’s, B Corp et indépendante

Cette initiative originale s’ajoute à toute une série de mesures adoptées par l’entreprise. La brasserie est également certifiée B Corp, une certification octroyée pour son impact social et environnemental. Avec son processus de traitement de l’eau et de valorisation des eaux résiduelles, son utilisation de papier recyclé et d’énergies vertes, la brasserie tend à réduire le plus possible son empreinte écologique. Elle offre aussi des opportunités de réinsertion professionnelle pour des sans-abris, qui peuvent devenir de véritables livreurs des commandes. Enfin, elle appuie le développement d’une brasserie dirigée par des femmes au Rwanda. Bref, on n’a certainement pas fini d’entendre parler de cette entreprise, qui bâtit sa marque de commerce sur des actions cohérentes avec ses valeurs. Et sur de la bonne bière, bien entendu!

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Les quatre étudiants-reporters, lors de la Conférence Momentum.

Inspiration pour un changement social
par Erika Aube, Université du Québec à Chicoutimi (Centre NAD)

Pour mieux répondre à la demande et suivre la cadence du virage vert, les entrepreneurs et les industries cherchent à proposer des offres toutes plus innovantes les unes que les autres. Mais comment les entreprises peuvent-elles être concrètement de bonnes ambassadrices de changement social responsable et durable? Dans une réalité de marché en pleine mouvance, et pour plaire à une clientèle connectée et conscientisée, on ne fait plus de business sans parler d’environnement. Les gens veulent des solutions pour avoir un impact positif comme consommateur. Ils veulent aussi s’engager et participer en posant  des actions pour aider la planète.

Par exemple, les restaurants L’Gros luxe cherche à changer l’offre alimentaire dans la restauration rapide en proposant des produits santé et locaux. Alex Bastide, le propriétaire, se questionne sur toutes les étapes de la restauration pour minimiser l’impact environnemental et arriver à des résultats concrets. En éduquant les employés avec des stratégies sociales, en partageant les actions sur les réseaux sociaux, en implantant le compost et en récupérant, L’Gros luxe souhaite ainsi inspirer un changement social. 

Lire aussi : Loop, le jus de fruits qui lutte contre le gaspillage

Par ailleurs, autre défi de taille pour les entreprises conscientisées,  comment utiliser les produits déclassés? Sachant que près de la moitié (45%) de tous les fruits et légumes cultivés sont perdus en cours de route, la start-up Loop utilise les « invendus » du grossiste Courchesne Larose pour produire des jus frais. De son côté, l’application collaborative Ubifood publie des alertes pour écouler les repas et plats non vendus et réduire ainsi la problématique du gaspillage alimentaire.  Ou encore, pour faciliter l’accès à l’alimentation saine tout en impliquant la communauté à faire des choix responsables, l’épicerie zéro déchet Loco offre des produits locaux et de saison en vrac.

Ces exemples, parmi tant d’autres entrepreneurs inspirants, nous invitent à être les acteurs du changement que nous voulons voir dans le monde!

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Steve Beauchesne, président de la brasserie Beau’s.

Bousculer le statu quo
par Prisca Ayassamy, Université du Québec à Montréal

L’impression la plus marquante qui me reste de la conférence Momentum sur l’innovation d’affaires et la responsabilité sociale est celle des discours inspirants qui m’ont transportée tout au long de la journée.  Il y a d’abord eu celui de Salima Visram, qui incite à «casser le système», bousculer les statu quo en créant le changement pour améliorer les conditions de vie de milliers de Kenyans avec son Soular backpack. Ce sac à dos solaire, qui offre 7 heures de lumière, permettent ainsi aux familles de sauver plus de 20 % de leurs salaires habituellement dépensés en kérosène. Défiant les discours sexistes et rétrogrades, cette jeune entrepreneure a voulu démontrer que le fait d’être une femme et d’être jeune n’empêche pas son émancipation personnelle dans un monde souvent dirigé par des hommes.

Lire aussi : Une Montréalaise invente un sac à dos qui produit de la lumière

Dans un tout autre domaine, mais tout aussi inspirant, Marc Bovet, président de Bone Structure, nous met au défi de sortir de nos habitudes, de nous réinventer et de ne pas avoir peur du succès. Son entreprise innovante produit des maisons écoénergétiques de luxe inspirées de l’industrie aérospatiale. Respectant les principes de développement durable, ses chantiers de production approchent le déchet zéro et les structures ont une durée de vie supérieure aux constructions traditionnelles. M. Bovet incite les gens à aller de l’avant avec leurs projets et faire fi des inquiétudes qui peuvent freiner leurs ambitions tels la difficulté de financement ou le manque de support technique.

Pour aider les jeunes entrepreneurs à se lancer, il y a des entreprises de sociofinancement régional, tel que La Ruche. Pour Sophie Reis, cofondatrice du volet montréalais, cette entreprise consiste en un espace collaboratif proposant à la fois un accompagnement humain et du financement de proximité. Ainsi, les projets plus audacieux qui se seraient vus refuser le financement auprès des banques peuvent éclore et contribuer à améliorer notre société.

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Marc A. Bovet, président de Bone Structure, entouré de Marc Bédard (Lion Bus) et Matthieu Salou (Novae)

Agir vers le monde que nous voulons voir
par Romain Serafini, Université du Québec à Montréal

La conférence Momentum a regroupé la crème des chefs d’entreprises sociales québécoises et canadiennes qui ont su, par leur fibre innovatrice, briser le moule entrepreneurial classique et ainsi « sortir du discours de problème et rentrer dans un discours de solution », comme l’a indiqué Julie Villain, porte-parole Place to B Canada.

Dans une ambiance jeune et décontractée, les participants ont partagé (voire confronté) leur volonté de repenser notre société d’un point de vue économique, social et environnemental, et d’être acteurs du changement. En l’occurrence, comment créer un écosystème viable à long terme,  générant un impact positif sur la communauté, son environnement, et ce à travers un projet économique durable ?

La plupart des intervenants ont insisté sur le fait que nous étions conditionnés par l’idée que le changement était nécessairement impulsé par les échelons supérieurs (les gouvernements, les supérieurs hiérarchiques, les parents, ou encore l’Histoire…). Or selon Alex Bastide, fondateur des restaurants L’Gros Luxe, « il faut réussir à briser les barrières et dépasser cette idée préconçue pour innover et entreprendre. »

Nous sommes à une époque où « le changement social ne repose plus seulement entre les mains du gouvernement, mais aussi dans les corporations », a souligné Salima Visram, fondatrice de Soular Backpack. Il devient alors indispensable pour l’entrepreneur social de « ne pas avoir peur de sortir des sentiers battus pour se réinventer constamment et apporter aux autres » , ajoute Marc A. Bovet,  président de Bone Structure.

Lire aussi : Bone Structure, une maison québécoise « nette zéro » s’exporte en Californie

C’est Barb Steele, la directrice exécutive d’Ashoka Canada, qui a conclu la conférence, en soulignant le fait que nous pouvons tous devenir acteurs du changement. Pour cela, il suffit de « projeter aux autres la vision d’un monde meilleur, définir la distance entre la réalité et l’idéal que nous imaginons, mais surtout toujours être dans l’action pour tendre vers le monde que nous voulons voir. » 

Tenue le 6 octobre à Montréal, la 5e édition de la Conférence Momentum est une présentation d’Alcoa, est organisée en collaboration avec Hydro-Québec, avec la participation de Loto-Québec et Keurig, et avec le soutien de Aimia, Transat et Bombardier.


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